La carte qui fait polémique

Le 12 novembre, la préfète de la Vienne installera la Commission départementale de coopération intercommunale (CDCI). Mais une carte des futures communautés de communes inquiète déjà les élus du département, opposés au grand chambardement annoncé. Ce nouvel épisode de la réforme territoriale promet des échanges musclés.

Arnault Varanne

Le7.info

Grand Poitiers avec les communautés de communes du Pays chauvinois, du Valvert du Clain, de Vienne et Moulière et des Vallées du Clain, le Mirebalais marié au Pays mélusin, le Lussacois et le Montmorillonnais unis par le destin… La carte que nous vous présentons, en avant-première, circule sous le manteau des élus de la Vienne depuis trois semaines. Elle en fait sourire certains, au premier rang desquels Alain Claeys, député-maire de Poitiers. « Quand je l’ai découverte, j’ai rigolé. Je ne crois pas à son authenticité. Vous nous voyez rattachés à Chauvigny ? Tout cela est grotesque… »

Francis Girault, son collègue du Valvert du Clain, « auteur » de sa diffusion dans le microcosme politique, assure que sa source est « fiable ». D’après lui, aucun doute, ce redécoupage à la serpe -passage de 19 EPCI(*) à six- émane bel et bien de la préfecture de la Vienne. « Ce document procède à la fois du ballon d’essai et de l’intimidation. Comme si tout était déjà décidé… », estime le conseiller général. Qui ne se résout pas à ce que les territoires soient à nouveau « charcutés », même si la première réforme de l’intercommunalité, en date de 2011, n’avait pas franchement bousculé les forces en présence (de 22 à 19). De son côté, la préfète de la Vienne jure que la fameuse carte n’émane pas de ses services. « Je n’ai même pas commencé à travailler dessus avec les équipes. Et puis, la concertation et le dialogue prévaudront », assure Christiane Barret.

« Respect et dialogue »

Le premier round des négociations est prévu le 12 novembre prochain. La représentante de l’Etat doit installer, ce jourlà, la fameuse Commission départementale de coopération intercommunale, composée de cinquante-six élus, maires, présidents d’EPCI... Un comble, alors que la loi Notre, Nouvelle organisation territoriale de la République, n’a même pas encore été votée à l’Assemblée nationale ! Dans l’esprit, le texte enjoint les communautés de communes ou d’agglomérations à englober un seuil minimal de 20 000 habitants, contre 5 000 à ce jour. « Ce n’est pas le tout de faire des dessins sur une carte, s’emporte le président de l’Association des maires de la Vienne, Yves Bouloux. La question est surtout de savoir comment on rend de meilleurs services à la population, avec quelles compétences. Il faut nous faire confiance… » Le maire de Montmorillon espère « du respect et un vrai dialogue » avec l’Etat. « Pas comme il y a trois ans », ajoute-t-il. « On ne fera rien de mieux dans un plus grand périmètre », assure Francis Girault. L’élu a tout même pris la précaution d’entamer des « discussions exploratoires » avec ses voisins du Neuvillois. L’entrée en vigueur de la nouvelle carte est prévue au 1er janvier 2017. (*) Etablissements publics de coopération intercommunale.

À lire aussi ...