Le PB86 a décroché son premier succès en championnat, au terme d’un match très compliqué face à Provence Basket (84-80). Avec ses trente-cinq unités, Andrew Fitzgerald a sorti la perf’ de sa carrière… au meilleur moment.
Il était dit que Provence Basket ne tiendrait pas quarante minutes, nanti de seulement sept joueurs valides à présenter (*). Il était écrit que le PB86 ne pouvait guère s’offrir un premier accident à Saint-Eloi. Cette forme de logique a donc prévalu à l’issue d’un combat enfiévré. Difficile de passer sous silence la performance dantesque d’Andrew Fitzgerald. « Drew » fut stratosphérique (35pts, 8fpr, 7rbds, 35 d’évaluation), comme Rasheed Wright en son temps, dernier à réaliser une telle orgie offensive. Sans son omniprésence à la marque, sans ce shoot en tête de raquette à moins de quarante secondes du buzzer (80-77), le PB86 aurait sans doute piqué du nez.
Saint-Eloi peut le remercier, comme elle peut s’incliner devant l’altruisme de Carl Ona-Embo. Avec ses onze passes décisives (quatre dans le dernier quart), assortis de 12pts, il a battu le record de la « franchise » et sorti une sacrée épine du pied de ses coéquipiers. C’est bien là l’essentiel. Car pour le reste, Poitiers a montré du caractère, des nerfs, de la pugnacité, mais aussi quelques lacunes inquiétantes. A l’image de ce premier quart presque offert à Amadi McKenzie, qui ne se priva pas de se goinfrer (13pts). Comment expliquer qu’après avoir limité Roanne à soixante-six points, vendredi dernier, le PB se soit montré aussi permissif en défense ? La question vaut son pesant d’or et, dans ce registre, personne ne peut la ramener. Ni Andy Ogide, une nouvelle fois en-deçà de ce qu’on attend de lui, encore moins Karim Souchu.
Le buzzer beater d’Harley
Indigent en attaque, le capitaine du PB86 a subi l’impact de Gaëtan Clerc comme jamais. Derrière l’arc ou en pénétration, l’ex-arrière d’Aix-Maurienne a beaucoup fait souffrir son vis-à-vis (21pts). Idem sur l’autre aile, où Aaron Broussard s’est montré à son avantage, en dépit d’un déchet trop important (7/15). Et si, finalement, Poitiers avait planté sa première banderille mortelle dans l’épine dorsale provençale… à la fin du troisième quart. Kevin Harley n’est pas loin de le penser. Alors que sa formation s’apprêtait à rejoindre le banc avec un débours de deux points, l’international U20 a décoché un tir à 1,6 seconde du buzzer… de la ligne du milieu de terrain. Bingo !
Ce fait de jeu a sans doute mis le PB86 dans les meilleures dispositions, même si les fans n’en menaient pas large lorsque Broussard a donné cinq longueurs d’avance aux Provençaux (66-71, 34e). Heureusement que Fitzgerald a haussé le ton dans le money-time. Heureusement aussi qu’Ona Embo, Harley ou Ogide ont réalisé les stops défensifs nécessaires. Sinon, il y aurait eu le feu dans la maison, sans pompier à portée de vue. « On a manqué d’un peu de lucidité et de jus à la fin », reconnut Edouard Choquet après coup. Disons que le PB a reçu un avertissement sans frais. Ce ne sera pas le cas tous les week-ends…
(*) Les intérieurs Mamadou Dia (cheville) et Tanguy Ramassamy (cuisse) étaient forfaits.
La fiche
A Poitiers, salle Saint-Eloi, PB86 bat Provence Basket 84-80. Mi-temps : 40-44. Arbitrage de MM. Soares et Tartare. Score par quart-temps : 25-24, 40-44, 62-61, 84-80. 2023 spectateurs.
Poitiers. Fitzgerald (35), Ona Embo (12), Harley (10), Ogide (10), Thinon (7), Greer (5), Guillard (5). Entraîneur : Ruddy Nelhomme.
Provence Basket. Clerc (21), MkKenzie (20), Broussard (17), Davis (9), Cingala-Mata (7), Hylaire (4), Choquet (2). Entraîneur : Rémi Giuitta.
Photo Mickaël Planès
Ils ont dit…
Ruddy Nelhomme (entraîneur du PB86) : « Je ne sais pas si je suis rassuré… Nous étions un peu tendus dans ce début de match. Nous n’y étions pas au niveau défensif. On savait que c’était une bonne équipe d’attaque. Gaëtan Clerc nous a fait très mal avec ses drives. Il faut retrouver toute la confiance que nous avions dans les quatre premiers matchs. Peut-être que nous étions un peu dans le doute parce que c’était nos débuts à la maison… »
Carl Ona-Embo (meneur du PB86) : « Nous savions que cette équipe était très bonne en attaque, mais nous n’avons pas su la mettre en danger sur ses systèmes. En attaque, on n’était pas à la rue, mais en défense on n’était pas prêts. On savait qu’il fallait les bousculer et, à la fin, c’était la guerre, notamment au rebond. Mais cela s’est joué à peu de choses… »
Kévin Harley (arrière du PB86) : « Mon tir au buzzer, à la fin du troisième quart-temps ? Cela fait plaisir, j’ai vu que la trajectoire était bonne. Ce type d’action est un peu un tournant. Mentalement, ce tir leur a fait mal. Je suis satisfait de mon début de saison, je joue libéré. Il y a eu un déclic, je pense. Tant mieux. »
Andrew Fitzgerald (intérieur du PB86) : « C’était vraiment un match très « fun » pour moi, très excitant. Dans mon premier match, j’avais joué très mal. J’étais vraiment bien sur le parquet ce soir. C’est mon record de points, j’avais marqué 27 points à l’université précédemment. Je me sens bien dans cette équipe, dans cette Ligue. »
Edouard Choquet (meneur de Provence Basket) : « En ce moment, c’es sauve qui peut. En jouant à six et demi, c’est compliqué car on manque de jus et de lucidité à la fin. C’est ce qui nous manque. On a de gros regrets, car nous sommes arrivés à tenir cette équipe de Poitiers chez elle. Maintenant, Fitzgerald a fait un match incroyable. Ses petits shoots en périphérie sont très difficiles à défendre. Il faut garder le meilleur de ce match pour rebondir. »
Rémi Giuitta (entraineur de Provence Basket) : « Honnêtement, je suis assez fier de mes joueurs car, au-delà du résultat, ils ont fait un très bon match. On ne perd que sept ballons, avec peu de déchets… Malheureusement, cela ne sourit pas. Sur la fin, les joueurs sont cramés et n’ont plus de lucidité. Je ne peux pas leur en vouloir… Il faut rester positif, la saison sera longue… »