Daniel Bulliard, expert ès tourisme

Ils ont défrayé la chronique ou participé, à leur manière, aux belles heures de la Vienne. La rédaction a pisté neuf personnalités locales, qui ont disparu de la circulation et tracent leur route ailleurs. Premier de cordée, Daniel Bulliard, ancien patron du Futuroscope, aujourd’hui consultant sur de grands projets touristiques à l’international.

Arnault Varanne

Le7.info

Il émarge à 69 ans, mais se sent l’âme voyageuse d’un « gamin » de quarante. Et ça tombe bien puisque le premier directeur du Futuroscope, époque Monory, gambade encore aux quatre coins (sic) de la planète pour y distiller ses bons conseils en ingénierie touristique. Cette semaine, Daniel Bulliard se trouve au Tatarstan, obscure république de la fédération de Russie, en quête d’attractivité et de respectabilité. « Les autorités de Kazan développent un projet de resort, avec parc d’attractions et complexe hôtelier. Nous les aidons à le concevoir… »

Depuis deux ans, le consultant assume la casquette d’expert pour le compte de l’Institut français du tourisme. Un costume d’indépendant qui lui sied à merveille. À son départ du Futuroscope, fin 2000, l’ex-cadre d’Unilever s’était promis trois choses : éviter les « rapports de force », la routine du « quotidien » et « ne plus gérer de grands empires avec beaucoup de personnels ». Promesse tenue ! « Les Français sont très appréciés à l’étranger. Je travaille sur des projets intéressants, je voyage beaucoup… Bref, je fais bénéficier aux autres de l’expérience acquise au Futuroscope. » Ce fut notamment le cas à La Réunion et en Seine-Saint-Denis, où Daniel Bulliard avait étroitement suivi la conception d’une exposition universelle, qui n’a hélas pas abouti.

700 000 km en quatorze ans

Près de quatorze ans après ses adieux, le Tourangeau de cœur voyage donc « le sac à dos léger ». Tout en s’entourant des meilleurs spécialistes lorsque le projet l’impose. Il lui arrive même de revenir discrètement dans la Vienne, pour y faire visiter… le Futuroscope à des clients russes. Le cas échéant, il ressent « une petite pointe de fierté » légitime, eu égard à son statut de pionnier. « C’est un bébé que j’ai porté sur les fonts baptismaux. Ça ne laisse pas insensible ! » Avec le temps, l’homme de l’ombre du « Shérif » a appris à trier le bon grain, l’émergence du parc, de l’ivraie, « l’arrivée au pouvoir d’Amaury sans stratégie ». ll faut dire qu’en quatorze ans de « mandat », Daniel Bulliard n’a jamais habité la Vienne, se coltinant 700 000 km entre Poitiers et la Touraine. « Si j’ai toujours mis de la distance, c’était pour éviter le bouillonnement politique, les dîners en villes, les petites phrases. Personne ne me l’a jamais reproché d’ailleurs… »

La plongée dans le livre d’histoire s’arrête là. Car le prédécesseur de Dominique Hummel n’a jamais versé dans la nostalgie. Ce qu’il est devenu ne diffère guère de ce qu’il fut, à savoir un type entreprenant et soucieux d’apporter sa pierre à l’édifice. Même à 69 ans…

« Pas un moteur, une fusée… »

Lorsqu’il ouvre la boîte à souvenirs, Daniel Bulliard peine à choisir ses plus marquants au Futuroscope. Il y a tout de même ce 2 octobre 1992. Jour d’élections sénatoriales. « J’ai suivi le dénouement de très près. Je me suis dit « S’il est élu, tout va changer. » De fait, avec le président Monory au Sénat, nous n’avions pas un moteur, mais une fusée pour le parc. » Cinq ans plus tard, c’est la consécration ! « 1997 fut une année invraisemblable, ajoute-t-il. Nous avons approché les 3 millions de visiteurs. Nous gérions des journées à plus de 25 000 personnes, avec des files d’attente pas possibles. Mais malgré tout, les gens repartaient du parc heureux. Mon trajet jusqu’à Tours n’était absolument pas pesant ! » Au-delà de ces anecdotes savoureuses, Daniel Bulliard retient aussi et avant tout les « relations humaines noués avec les employés ». « Des années d’une richesse incroyable, avec de belles rencontres à la clé. Ça ne s’oublie pas… »

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