Le chef des soins intensifs

Pour les besoins de sa nouvelle rubrique « Une heure avec… », la rédaction s’est immergée dans le service de réanimation du CHU de Poitiers. Au moment stratégique des transmissions du matin, l’équipe de nuit est au rapport. Suivez le guide.

Romain Mudrak

Le7.info

Huit heures et quart et déjà plus d’eau dans la bouilloire. Dans son bureau du bout du couloir, René Robert avale frénétiquement son café. Un petit noir indispensable au chef du service de réanimation. Il est déjà aux affaires à l’heure où d’autres cheminent à pas comptés. Sa journée sera longue, comme les précédentes. « Je dors peu, mais j’ai la chance de récupérer rapidement. »
Son premier réflexe ? Jeter un rapide coup d’œil à sa messagerie. La fac de médecine lui a transmis le planning des cours d’éthique, qu’il animera au premier semestre. Tout juste le temps de noter les dates sur son agenda, qu’il doit rejoindre ses collègues dans la salle de réunion. Les transmissions du matin vont débuter.

8h30.
La communication, un maître mot en réa’. Le travail d’équipe est essentiel pour assurer la bonne santé des patients. « Nous réalisons ici les plus intensifs des soins intensifs, assure sans détour René Robert. La réanimation est un métier à part entière. Quand les machines pallient les défaillances des organes, nous devons suivre les patients de très près. »
Premier à s’exprimer, Julien, interne en huitième année. Les yeux rougis de fatigue, le jeune homme détaille l'état de santé de « ses » quinze patients. L’équipe de jour, sept praticiens, écoute et prend des notes.

8h50.
Les indications sont claires. Bilans physique, respiratoire, neurologique, biologique… L’interne décrit les pensionnaires du service sous toutes leurs facettes. Un patient est arrivé aux urgences dans la nuit. Il est fragile. Si son état se dégrade, il faudra le monter en réanimation. Mais pour le moment, aucune place n’est disponible.
Attentif à tout, René Robert répertorie les événements inattendus et indésirables. Comme l’autoextubation d’un homme d’une cinquantaine d’années. « Ici, la remise en cause est permanente. »

9h30
. La journée se termine pour les uns, démarre pour les autres. Julien et son interne senior, Angéline, en onzième année de médecine, quittent leurs (futurs) collègues. Ils reviendront le lendemain, à 8h pétantes. La nuit dernière a été relativement calme. Au point que les deux futurs diplômés ont pu se relayer et dormir deux heures. À la fin des visites, ils se sont même accordé une récréation autour du… piano du pôle de cancérologie : « C’est important de pouvoir se détendre après avoir suivi des cas difficiles », glisse Angéline.
Aucun répit, en revanche, pour René Robert. Le professeur va démarrer sa longue tournée des chambres. Certains malades se trouvent en soins palliatifs. « En réanimation, on assume nos morts, c’est la règle », lâche le praticien. Une octogénaire qui « ne répond plus aux commandes », et c’est à nouveau la question de la fin de vie qui se pose. À l’origine de la loi Léonetti, René Robert en a fait le sujet de sa thèse, terminée en novembre dernier. 9H35. Les visites sont loin d’être terminées… Il va vite falloir remplir la bouilloire.

 

 

 

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