Dans l’accident mortel de Mignaloux, impliquant deux véhicules, le 24 août dernier, l’appel à témoins a permis de préciser les circonstances du drame, renversant ainsi complètement les responsabilités des conducteurs. Pour la justice et surtout pour les familles, ces témoignages sont cruciaux. Pourtant, les retours sont souvent décevants.
La solution est venue de Marseille. Une mère de famille, particulièrement émue, a estimé qu’elle devait parler. Sans esprit de délation. Simplement par devoir citoyen. Le dimanche 24 août, elle circulait sur la RN 147 lorsqu’une voiture, arrivant en sens inverse, s’est déportée sur sa voie à hauteur du golf de Mignaloux-Beauvoir. La conductrice des Bouche-du-Rhône est parvenue à l’éviter, contrairement aux occupants du Ford C-Max qui la suivaient.
Selon le dernier bilan obtenu lundi matin, la collision a fait deux morts : un Vendéen de 67 ans, qui se rendait chez sa fille avec son épouse désormais hors de danger, et un Angevin de 27 ans, qui circulait avec sa compagne et son bébé de 6 mois, tous les deux dans un état préoccupant.
Dans le chaos des carcasses entrelacées, les premières constatations ont abouti à une erreur. La responsabilité du choc semblait incomber au sexagénaire. Or, le témoignage de la conductrice marseillaise a permis d’établir le contraire : « Les deux véhicules étaient de même gabarit et de même couleur, indique le major Rossignol, chef de la brigade accident de la police nationale. Après l’impact, ils se sont retrouvés sur le même bas-côté. Difficile d’établir précisément les circonstances. Grâce à l’appel à témoins, nous avons compris que la voiture en cause venait de Poitiers, et pas l’inverse. » Le récit des familles a permis de retracer les trajets de chaque victime. Une à une, les pièces du puzzle se sont ainsi mises en place pour faire éclore la vérité.
L’émotion guide l’appel
Dans cette affaire, l’appel à témoins, lancé à travers les médias locaux, s’est révélé crucial. Le centre de commandement du commissariat central a reçu une demi-douzaine de coups de fil. Toutefois, le succès de ce genre d’opérations est rare. Il est contrebalancé par les nombreux échecs subis par ce dispositif, utilisé dans neuf cas sur dix par la brigade accident. « Certains sont davantage des messages de prévention, comme pour les faux policiers, qui agissent actuellement à Poitiers. On n’attend pas forcément de réponse, contrairement aux procédures judiciaires soumises au parquet », commente le commandant Merle, chef d’Etat Major de la police nationale.
En réalité, il s’avère que la nature de l’événement joue beaucoup dans la quantité d’appels. Ici, la présence d’une famille et d’un nourrisson parmi les victimes a favorisé le sentiment d’identification. « Les gens ont été touchés par cet accident, souligne le major Rossignol. Cette fois, nous avions plusieurs éléments. Mais quand nous partons de rien, un appel peut accélérer considérablement l’enquête. » Témoignages et examens de la police scientifique apportent des informations indispensables, non seulement à la justice, mais surtout aux familles endeuillées. « Les proches ont besoin de comprendre la situation pour l’accepter », assure le major Rossignol. L’entourage du couple de Vendéens était atteint dans son honneur. Savoir, finalement, que leur père, frère ou oncle n’était pas responsable du drame a allégé, un peu, le fardeau de leur souffrance.