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Générosité
L'édito de la semaine est signé Arnault Varanne, rédacteur en chef du 7.
On pourra bientôt acheter sa boîte de paracétamol, en même temps que son steak haché. C’est en tout cas ce que préconise l’Inspection générale des Finances (IGF), dans un rapport sur les professions réglementées, sorti au mois de juillet dernier. L’IGF réclame la fin du monopole des pharmaciens et recommande la vente de médicaments sans ordonnance et/ou non remboursables dans les grandes et moyennes surfaces.
À Bercy, Arnaud Montebourg s’intéresse de très près à ce rapport. L’objectif est simple : faire baisser le prix de ces médicaments dont le coût aurait augmenté deux fois plus vite que celui de la vie depuis quinze ans. « Il faudra qu’on m’explique pourquoi c’est le ministre de l’Economie qui commente les questions de santé publique… », s’agace Jean-Marc Glémot.
Le président du Conseil de l’Ordre des pharmaciens Poitou-Charentes ne décolère pas. Il rappelle que « les médicaments en France sont les moins chers d’Europe ! » Ce n’est pas la position de Michel- Edouard Leclerc, patron de l’enseigne éponyme. Depuis plus de dix ans, il réclame à cor et à cri l’autorisation de vendre les médicaments en GMS. « Ils pourraient y être proposés 20 à 25% moins cher », écrivait-il en juillet dernier sur son blog. « C’est faux !, s’insurge un pharmacien bien connu du centre-ville de Poitiers. Les prix de la plupart des pharmacies resteront concurrentiels sauf ceux des petites officines de quartier. Mais, à force de jouer à ce jeu, ces mêmes petites officines de quartier seront obligées de baisser le rideau. C’est comme cela qu’on cherche à sauvegarder les commerces de proximité ? » « Dois-je rappeler qu’à l’heure actuelle, une pharmacie ferme ses portes tous les trois jours ? Notre équilibre est fragile… », renchérit Jean-Marc Glémot. Certains pharmaciens ont déjà fait le calcul. Si la vente en GMS est autorisée, ils seront obligés de licencier.
« ON ENGRAISSE UNE CORPORATION »
Ces arguments, Jocelyn Bonneau, directeur du centre E.Leclerc de Poitiers, les balaient d’un revers de la main. « Tout cela n’est rien d’autre qu’une guerre de clochers. Les pharmaciens veulent simplement garder leur monopole. On engraisse une corporation sur le dos des consommateurs. Parce que, soyons clair, notre but n’est pas d’augmenter notre chiffre d’affaires, mais bien de répondre à une demande du client. Nous voulons que tous les produits de consommation courante se vendent sous le même toit. » De quoi faire bondir le président de l’Ordre régional des pharmaciens. « S’ils considèrent les médicaments comme des produits de consommation courante, on a vraiment des raisons de s’inquiéter. C’est grave ! Savez-vous que le surdosage de paracétamol peut provoquer une hépatite fulgurante et potentiellement mortelle ? C’est même l’une des premières causes d’hospitalisation. » D’autres pharmaciens ironisent : « C’est quoi la prochaine étape ? Des médocs en drive ! De qui se moque-t-on ? » Le débat est lancé.
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