L'artificier, maître des feux

Premier volet de notre nouvelle série sur les métiers dangereux. Ils escaladent les immeubles, entretiennent les autoroutes, assurent leur service dans des conditions extrêmes… Bref, ces professionnels se nourrissent au quotidien d’une bonne dose d’adrénaline. Illustration avec Geoffrey Bernard, artificier depuis quatorze ans.

Arnault Varanne

Le7.info

Le vent et l’orage sont ses pires cauchemars. Au Futuroscope, depuis le début de la saison, seule une poignée de représentations de Lady ô a été annulée, faute de conditions météo satisfaisantes. Le spectacle nocturne, clou d’une journée de festivités, s’accompagne tous les soirs d’un show pyrotechnique sur lequel veille Geoffrey Bernard. Avec une attention très particulière.

Derrière les flonflons des feux multicolores, cinq kilos de poudre, un dispositif rôdé et, surtout, un maître-mot : la sécurité. Des spectateurs comme de l’artificier. «
Ma plus 
grosse frayeur, je l’ai connue récemment. J’étais en train de brancher un dispositif lorsqu’il est parti subitement, alors qu’il n’était relié à rien. L’électricitéstatique a dû le déclencher… » Heureusement, son visage n’était pas incliné au-dessus du « monocoup ». Sinon… C’est d’ailleurs l’une des règles élémentaires pour un artificier qualifié. « Ne jamais se pencher sur les produits, comme ne jamais fumer ou avoir un portable allumé… »

Mais le danger ne se résume pas à la phase d’installation des dispositifs, qui peut durer jusqu’à plusieurs heures. 
En cas de départ de feu sur une batterie, l’artificier a l’obligation d’intervenir dans les meilleurs délais, pour que l’embrasement ne soit pas général. « Cela nécessite beaucoup de calme, de la méthodologie et également de la minutie… » Avec quatorze ans d’expérience et des connaissances réactualisées chaque année, Geoffrey Bernard maîtrise son sujet. D’autant qu’en dehors du Futuroscope, le professionnel aguerri tire des feux pour le compte de communes, d’entreprises, de châteaux…

« LE DANGER, L’INTRUSION DU PUBLIC »

Artificier, un métier dangereux, vraiment ? Le collaborateur de la société Jacques Couturier répond par l’affirmative. Mais le risque n’est pas forcément là où on le pense. «
Le danger, c’est l’intrusion du public dans notre zone de sécurité. Certaines personnes peuvent arracher des câbles, s’approcher des bombes et les déclencher. Il y a malheureusement beaucoup de faits divers de ce type… »

En dehors du parc, le pyrotechnicien et ses équipes s’assurent qu’aucun drame ne surviendra, en amont. Car le chef de tir porte une responsabilité 
particulière les soirs de feux. Y compris lorsque le vent pousse trop fort les flammèches de chandelles et autres salves vers les détonateurs ou les gradins. « Dans ce cas, mieux vaut décevoir 5000 personnes plutôt que d’en blesser une seule. Notre métier, c’est avant tout de donner du plaisir aux gens, pas de les exposer ! » Remise en question et vigilance sur la qualité des produits constituent deux des éléments fondamentaux de ce métier « dangereux mais passionnant ».

 

 

 

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