Alain Baudier : « L’heure est à la stabilisation »

Départ de François Chaumont, ambitions sportives, infrastructures, pérennité du club… Le président du Poitiers Basket 86 se livre, après une saison riche en rebondissements, avec une finale de Pro B à la clé.

Arnault Varanne

Le7.info

Alain, le PB86 a fêté ses dix ans le 13 juin. Le 19, l’un de ses fondateurs, en l’occurrence François Chaumont, a démissionné de la vice-présidence du club. Que s’est-il passé ?
« Le sport est fait pour rassembler, pas pour diviser. Avec François, nous partageons les mêmes aventures depuis dix ans. Son départ est un échec, je le regrette. C’est dommage qu’il arrête sur un conflit (Ndlr : avec Ruddy Nelhomme, entraîneur). Maintenant, cela pose un autre problème de fond. Le PB a un même noyau de dirigeants depuis une décennie. Peut-être qu’il y a une lassitude… Nous avons commencé à ouvrir le conseil d’administration à d’autres personnes et je crois qu’il faut accélérer le mouvement pour que cette nouvelle vague ait les commandes dans les mois à venir. »

Au-delà du désaccord sur la participation de Ruddy Nelhomme aux campagnes de l’équipe de France, François Chaumont reproche une mauvaise gestion dans les « affaires » Gunn et Marquis, aujourd’hui aux prud’hommes. Que lui répondez-vous ?
« Je ne veux pas polémiquer spécialement là-dessus avec qui que ce soit. Ce sont des affaires complexes qui sont toujours en cours. Ce que je veux simplement faire remarquer, c’est que Ruddy Nelhomme nous a plus apporté qu’il nous a coûté ces dernières années. Il lui reste deux années de contrat. Si la partie technique du club fonctionnait mal, son contrat serait remis en cause. Mais ce n’est pas le cas ! Sur le recrutement, tant que les dirigeants se comporteront comme des anciens joueurs, il y aura des clashs.»

« Encore à la tête du club »

Toujours sur la gouvernance, combien de temps resterez-vous à la présidence du club ?
«Encore une fois, mon but est de faire entrer du sang neuf. Le fait de durer cristallise parfois les tensions. Et à partir du moment où l’on divise, il faut passer la main. Je serai donc à la tête du club encore au moins la saison prochaine.»

Vous aviez évoqué la nécessité de remonter en Pro A dès la saison dernière. Le PB a échoué sur la dernière marche. Est-ce pour autant un échec ?
« Le fait d’annoncer cela, c’était indispensable pour mobiliser les partenaires et les collectivités publiques ! Il faut avoir de l’ambition et, avec l’une des premières masses salariales de Pro B, l’objectif de la remontée était quelque part obligatoire. Maintenant, même si la saison a été compliquée, nous atteignons presque notre objectif. Beaucoup de clubs auraient aimé être à notre place. »

Quelles conséquences ce « maintien » en Pro B va-t-il avoir sur le budget de la saison 2014-2015 ?
« En six ans, nous sommes passés d’un budget de 650 000 à 3,2M€, pour notre dernière année en Pro A. Cette saison, nous étions à 2,7€ et, la saison à venir, plus proches de 2,4M€. Notre difficulté, c’est de stabiliser le club à un certain niveau. Nous essayons de sacraliser le centre de formation et la structure salariée. Ce n’est pas un luxe ! »

Au-delà du budget, on imagine que la masse salariale de l’équipe professionnelle va baisser…
« Cette saison, nous étions à 740 000€, hors avantages en nature, ce qui nous classait entre la troisième et la cinquième places. La saison prochaine, nous partirons sur 620 000€, soit entre la sixième et la dixième masse salariale de la division. Nous essaierons, si possible, de jouer les playoffs, sans objectif de montée. L’heure est à la stabilisation. »

« Huit pros au lieu de neuf »

Le PB86 ne jouera aucun match aux Arènes la saison prochaine. La Ville et Grand Poitiers vont-elles compenser ce manque à gagner ? Dans quelles proportions ?
« Je ne sais pas si l’on peut rendre ce chiffre public. Mais il y aura bien une compensation. Ce qu’il faut savoir, c’est que les Arènes ont été importantes à un moment de l’histoire du club. En contrepartie, cela demande beaucoup d’investissement, des déménagements incessants et cet état de fait entraîne de la lassitude chez les bénévoles. La saison dernière, nous avons déménagé trois ou quatre fois en six matchs. C’était soit tout les Arènes, soit tout Saint-Eloi. Dans cette salle, il manque trois cents à quatre cents places pour la Pro B. »

Après dix ans d’une progression presque continue, le PB86 rentre-t-il dans le rang ?
« Les investissements humains et financiers que nous avions consentis au cours des dernières saisons, nous n’en avons plus les moyens. Il faut gérer la crise de décroissance. Les explications sont multiples : une tension sur les subventions publiques et les difficultés économiques que rencontrent les entreprises. Le PB86 a aujourd’hui les structures et infrastructures d’un club de Pro B. Il faut que les gens comprennent que le sport professionnel de salle est en grand danger. »

Un dernier mot sur le profil de l’équipe pour la saison prochaine. Allez-vous garder une ossature similaire à celle de cette saison ?
«Il y aura huit professionnels au lieu de neuf. Jeff Greer a resigné deux saisons, sachant que Kevin Harley, Pierre-Yves Guillard, Arnauld Thinon, Mous Fall et Karim Souchu sont encore sous contrat. Il nous reste deux éléments à recruter, un poste 1 et un poste 5. C’est maintenant à l’entraîneur de faire ses choix, avec une masse salariale en diminution.»
 

À lire aussi ...