Les intermittents ne lâchent rien

Les intermittents du spectacle contestent fermement le nouvel accord portant sur les modalités d’indemnisation de leur assurance-chômage. Pour obtenir le retrait de cette réforme, ils menacent de faire annuler certains festivals. Ceux de la Vienne pourraient également être touchés.

Florie Doublet

Le7.info

Les intermittents du spectacle sont en colère et ils le font savoir. Depuis plusieurs semaines, ils se mobilisent contre le changement de leur régime d’indemnisation. Le point le plus contesté de cet accord sur l’assurance-chômage, signé en mars dernier, reste le « différé ». Il s’agit d’un délai de carence entre le dernier contrat d’un intermittent et le moment où il perçoit ses indemnités. Pour le moment, la réforme n’entraîne aucun changement pour les allocataires dont le salaire horaire est inférieur à 16€. « Soit, précise l’Unedic, plus de la moitié des intermittents » . Lesquels sont plus de 1530 dans la région. Les manifestants, eux, ne l’entendent pas de cette oreille.

Yves Beaunesne, directeur de la comédie Poitou-Charentes, assure que les intermittents sont « dans une situation extrêmement délicate ». « On fragilise les plus précaires », ajoute-t-il. Valérie Baubin soutient, elle aussi, les grévistes. La responsable de l’accueil des artistes du Tap n’en démord pas : « C’est au gouvernement de prendre ses responsabilités et de refuser cet accord. Sinon, il en subira les conséquences ». Justement, quelles sont les conséquences d’un tel mouvement ? On se souvient de la grève de l’été 2003. Cette année-là, de nombreux festivals, comme celui d’Avignon, avaient été annulés. L’histoire pourrait se répéter… Déjà, dans le sud de la France, notamment à Toulouse et Montpellier, certains spectacles ont été suspendus. Pour les intermittents, il s’agit clairement d’un moyen de pression. « On essaie de se faire entendre, explique Patrice Massé, de la CGT Spectacle Poitou-Charentes. Dès qu’on parle d’annulation de festival, on sent tout de suite un engouement médiatique ! »

« Le chantage en permanence »

La grève est maintenue jusqu’à fin juin. Les festivals de la Vienne, qui démarrent généralement en juillet, ne sont donc pas menacés. Pour le moment… Car le mouvement pourrait être reconduit. « On ne lance pas des paroles en l’air ! On fera tout pour obtenir l’annulation de cet accord en l’état », assure Sébastien Coutant. Le délégué régional CGT Spectacle a rencontré, la semaine dernière, des élus de la Région qui lui ont fait comprendre que « Les Nuits Romanes » étaient « un événement important » et qu’ils se trouveraient très « affectés » si le festival devait être perturbé par les grèves. « C’est le chantage en permanence ! Moi, je suis syndicaliste, je ne suis pas chargé de communication, s’agace Sébastien Coutant. Il ne faut pas croire qu’on fait ça pour le plaisir. C’est une souffrance pour nous d’arrêter de travailler. Mais on se bat pour un droit ! » Les manifestants savent qu’ils risquent de se heurter à l’opinion publique. Nombreux sont ceux qui ont déjà organisé leurs vacances en fonction des festivals. « Grève populaire ou impopulaire, ce n’est pas mon problème, assume le délégué syndical. Quand les gens n’auront plus de spectacles, quand la culture deviendra une marchandise comme une autre, ils se rendront peut-être compte de l’importance des intermittents. »

Les organisateurs sereins

A l’heure actuelle, les organisateurs de festivals estivaux dans la Vienne ne paraissent pas inquiets. Christophe Blugeon, directeur artistique des Soirées Lyriques de Sanxay, explique qu‘une « centaine d’intermittents travaillent sur cet événement ». « Sanxay a un esprit particulier, c’est une grande famille. Beaucoup d’artistes participent par amitié. Je ne pense pas qu’ils prendront le risque d’annuler les représentations. » La Ville de Poitiers, qui coordonne Poitiers éclats d’été, déclare que, pour le moment, aucune mesure de précaution n’a été prise. Même son de cloche au Département qui lance, chaque été, Les Heures Vagabondes.

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