Guidé par un Lamine Kanté monumental (28 points), le PB86 a décroché son billet pour la finale de playoffs, en dominant de la tête et des épaules des Champenois (trop) vite résignés. L'adversaire de la semaine prochaine n'est toujours pas connu.
Que c'est beau une salle en ébullition. Que c'est beau un peuple en délire. Que c'est beau une équipe au sommet de son art. Saint-Eloi aura du mal à se remettre de ce qu'il a vécu ce soir. Une orgie de bonheur, pour une qualification cent fois méritée, au vu des deux derniers mois du relégué de Pro A. Sympa le basket !
On se souviendra pourtant que ce PB triomphant eut toutes les peines du monde à enclencher la première. Que Guillard et les siens laissèrent alors beaucoup trop de latitude à un duo Slay-Turek déconcertant de facilité (11 et 8 points chacun). On se souviendra surtout qu'aux premiers réchauffements de moteur, ce sont les réservistes de la République, Thinon, Kanté (trois primés à eux deux) et Fall qui finirent par faire sauter le verrou adverse.
Le 0-8 des prémices n'était alors plus qu'un mauvais cauchemar, vite oublié au crépuscule du premier quart (19-21). Malgré d'inhabituelles largesses défensives, le PB pouvait alors se satisfaire du... retour accompli. Le mano a mano à suivre ne pouvait qu'en être plus beau.
Kanté sur un nuage
Il le fut. Au-delà de bien des désespérances d'un public sans doute pressé de se libérer. Las pour lui, las pour nous, Turek, héroïque face aux immenses compas de Fall, et Mels à longue distance, ne semblaient pas décidés à lâcher le morceau (36-38). Un affront pour le « surbouillant » Lamine Kanté, auteur d'une entrée supersonique à trois points et maître dans l'art de conclure les rares contre-attaques locales (21 points à la pause, 4 sur 5 à trois points). A une minute des citrons, le PB s'offrait pourtant un matelas de neuf points (51-42) jusque-là jamais atteint. L'étau poitevin venait de se refermer sur les belles ambitions rémoises. Il n'allait plus desserrer l'étreinte. Ingram par-delà la ligne, Guillard en contre (60-48) faisaient exulter des travées en transe. Ekperigin coup sur coup, Ingram encore, Souchu enfin, enfonçaient les têtes champenoises sous l'eau.
Dernier quart pour du beurre
74-58 à moins de quatre minutes du dernier quart, cela sentait bon comme un pain sorti du four. Châlons-Reims, lui, n'avait plus que des miettes. Réduites à de la poussière à la seconde entrée sur le parquet de maître Kanté et d'une cinquième réussite longue distance. Et d'une deuxième pour le diablotin Thinon. Au verdict du troisième quart, le CRRB n'avait déjà plus que ses yeux pour pleurer (84-65).
Que pouvait-il arriver de bien méchant à ces « blancs » intenables ? Pas grand'chose m'sieurs dames. Sinon quelques pertes de balle répétées et des boulevards offerts à Mels and co. Juste un petit relâchement coupable à l'emballage. Juste de quoi se reposer avant les vociférations de décibels et la communion avec le public. Plus de cent points au final et cinq jeunes (Fall, Harley, Michineau, Joseph et Joumard) lancés pour l'apothéose. Du nanan, quoi !
« On est en finale, on est en finale ! » Que c'est beau une salle en ébullition. Que c'est un peuple en délire. Il ne reste plus à espérer que l'impérissable image de ce jeudi d'intense émotion ne sera pas la dernière de la saison. Une plus belle encore attend le PB. Contre qui se dessinera-t-elle ? Pour le savoir, il faudra patienter encore, Evreux ayant remis les pendules à l'heure contre le favori burgien sur son parquet. Et un match de plus dans les guiboles ! Poitiers peut sourire. Que c'est beau un sourire !
Photos Seb Jawo
La fiche
• Poitiers, salle de Saint-Eloi (2620 spectateurs). Arbitrage de MM. Jeanneau et Antiphon. PB86 - Châlons-Reims : 103-84. Mi-temps : 51-42. Score par quart-temps : 19-21, 32-21, 33-23, 19-19.
• PB86 : Ingram (18), Greer (12), Souchu (0), Guillard (7), Ekperigin (20), puis Thinon (9), Kanté (28), Fall (7), Harley (0). Entraîneur : Ruddy Nelhomme.
• Châlons-Reims : Bouedo (0), Joss Rauze (3), Morandais (3), Slay (26), Turek (15) puis Pasalic (13), Mels (15), Giffa (2), Beye (2), Edi (3), Tortosa (2). Entraîneur : Nikola Antic.
Ils ont dit
Ruddy Nelhomme, entraîneur du PB86 : "Nous avons réalisé un match plein et validé notre qualification. C'est super, mais nous n'avons encore rien fait. Depuis des mois, le groupe s'est soudé. Il s'était construit auparavant dans la défaite. Mainetnant, il lui faut concrétiser ses ambitions. En finale, tout est possible, quel que soit l'adversaire. Nous voulions monter, nous sommes à deux ou trois matches de ce rêve. Soyons humbles et soyons nous-mêmes."
Jeffe Greer, capitaine du PB 86 : "Se dépasser devant un tel public, c'est normal. Depuis plusieurs mois, nous formons tous une famille et nous jouons comme une famille. Ce soir, on a su laisser passer l'orage du premier quart, avant de remettre de l'intensité en défense. Quand on joue comme aujourd'hui, on est sûrs de ce que l'on fait. L'adversaire en finale ? Peu importe. L'essentiel, c'est de garder cette confiance et de continuer à croire en notre jeu."
Nikola Antic, entraîneur de Châlons-Reims : "J'étais vraiment déçu de ne pas monter directement à la fin de la phase régulière. Là, pour le coup, ma déception est moindre, car la qualification de Poitiers est amplement méritée sur les deux matches. Contrairement à nous, leur banc fait la différence. Je leur souhaite de conserver la même confiance. Là-dessus, Ruddy va avoir un travail important à mener."