Depuis quelques jours, on les sentait impatients. Comme des lions en cage à l’approche du grand numéro. Des lions certes affamés, mais un peu sur leurs gardes après dix jours au « frigo » pour cause de mini-trêve. Alors, à l’heure d’attaquer cette première manche des playoffs, les grands fauves se sont jetés illico sur leur proie du jour, sûrs de leur force. Pour ceux qui en doutaient encore, la courbe des performances du PB86 ne s’est pas effondrée avec les premiers ponts de mai. Et Fos a payé cash l’addition.
Malgré les premiers points signés Gay, les Provençaux entrent ainsi timidement dans leur match. Avec déjà cinq balles perdues au bout de cinq minutes, ils donnent même des sueurs froides à Rémi Giuitta. Greer et Guillard se régalent derrière l’arc de ces offrandes inattendues. Si bien que le score enfle à vue d’œil (13-5, 5e). A la verve offensive du PB, Choquet and co n’ont pas grand-chose à opposer. L’écart atteint même des proportions inquiétantes sur une nouvelle banderille de Guillard (22-9, 7e), qui oblige le staff provençal à dégainer son plan B. Un plan B nommé Hachad et Ramassamy.
L’air de rien, l’ailier longtemps blessé et le jeune intérieur du FOPB font des misères à la défense poitevine (25-15, 10e). Mais ce PB-là, avec une adresse extérieure insolente -5/8- ne craint personne. Personne ou presque. Car Ramassamy se paie le culot de mener la fronde, au relais d’Atmana (25-22, 7-0). La piqûre de rappel a le mérite de remettre Poitiers à l’endroit. Et le talent de Souchu, Kanté et Ingram fait le reste. Plutôt que d’entamer un collé-serré forcément périlleux, le trio enclenche une nouvelle série vertueuse, à laquelle Fos résiste un temps avant de céder du terrain. Même le jeune Mike Joseph participe à l’orgie offensive, pour offrir aux siens le plus gros écart du match (45-30, 17e).
Fos revanchard jeudi
Au retour des vestiaires, on prend les mêmes et on recommence. Gay (23pts à 100% d’évaluation, 28 d’évaluation) limite la casse et Ramassamy, encore lui, offre à ses coéquipiers un rapproché sous les dix points (54-45, 25e). Qu’à cela ne tienne, Ingram, sans doute dopé par la présence de sa femme et de son petit Justin junior, dégaine à longue distance et remet les compteurs à zéro. Le yo-yo se poursuit pendant tout le troisième quart-temps, remporté par Fos. Mais la profondeur de banc du PB va faire la différence. Alors que les extérieurs adverses sont muets comme des carpes tandis que Dia se régale de quelques tirs à quatre mètres, (72-64, 32e), Poitiers trouve à chaque fois le joueur « clutch ».
Ekperigin, Greer (17pts, 6rbds, 3pds), Guillard et Souchu veillent au grain pour préserver une avance confortable. Et Fos finit logiquement par se décourager, sur un ultime triple de Thinon (90-73, 38e). Bien sûr, la vérité du mardi ne sera pas forcément celle de jeudi. Bien sûr, le PB a commis quelques imprudences (14 balles perdues) et oublis défensifs qui auraient pu lui être préjudiciables. Seulement voilà, le relégué de Pro A possède une profondeur de banc qui l’autorise aujourd’hui à voyager loin. Au moins jusque dans les Bouches-du-Rhône ! Nelhomme et ses ouailles s’envoleront ce mercredi de Bordeaux pour rallier Marseille. Une chaude ambiance les attend à la halle Parsemain. La demi-finale est à ce prix et il y a fort à parier que les fauves pictaves ne sont pas rassasiés.
Photo Seb Jawo
La fiche
A Poitiers, salle de Saint-Eloi, PB86 bat Fos. Mi-temps : 49-35. 2450 spectateurs. Score par quart-temps : 25-15, 24-20, 19-22, 22-19). Arbitrage de MM. Castano et Lubienski.
La marque
POITIERS. Thinon (8), Harley (2), Greer (17), Ingram (12), Kanté (11), Ekperigin (15), Souchu (12), Guillard (11), Joseph (2), Fall, Diagne, Joumard, Michineau. Entraîneur : Ruddy Nelhomme.
FOS. Atamna (7), Davis (2), Gay (23), Choquet (4), Léon (4), Dia (10), Ramassamy (13), Hachad (13). Entraîneur : Rémi Giuitta.
Ils ont dit…
Ruddy Nelhomme (entraîneur de Poitiers) : « Nous menons 1-0, mais il n’y a pas d’euphorie particulière. Il a fallu qu’on se déploie pour battre cette belle équipe de Fos. On a fait un bon premier match. On a su être présents défensivement, même si les intérieurs mettent beaucoup de points dans la raquette. C’est un point sur lequel il faudra s’adapter jeudi. Après, j’ai bien aimé l’énergie qu’on a mis, la présence au rebond. Nous avons été dans nos basiques. Il va falloir essayer de reproduire cela, peu de jeu rapide pour Fos, peu de shoots et le contrôle du rebond. »
Pierre-Yves Guillard (intérieur du PB86) : « Aujourd’hui, nous avons répondu présent dans le combat, l’intensité, la défense… Cela n’a pas été simple, mais on a vraiment réussi à maintenir l’écart. On a bien contrôlé ce match. Nous étions impatients de démarrer ces playoffs. On y rentre de belle manière, sachant que Fos va être revanchard. On y va assez libérés. Aujourd’hui, on a un effectif assez complet pour imprimer un rythme pendant quarante minutes. »
Justin Ingram (meneur du PB86) : « Nous n’avions pas joué depuis un petit moment et nous attendions les playoffs avec impatience. Nous sommes rentrés dans ce match avec beaucoup d’agressivité et d’adresse. On a mis de l’engagement et cela nous a permis de gagner. »
Rémi Giuitta (entraîneur de Fos) : « On sait que Poitiers est capable de mettre beaucoup d’euphorie, qui vient souvent de l’adresse extérieure. C’est ce qui s’est passé ce soir. Nous avions ciblé cette force de Poitiers, mais il y a des joueurs de talent qui ont mis des tirs difficiles. On a manqué de concentration, avec beaucoup d’erreurs individuelles. Malheureusement, nous avons été punis dès le moindre retard. Après, le mérite revient aux joueurs de Poitiers. La messe est dite. On encaisse quarante points avec des paniers à trois points. L’aspect positif, c’est que nous n’avons jamais été morts dans ce match. On aurait pu lâcher, abdiquer. »
A savoir
Dans les autres quarts de finale des playoffs, Aix-Maurienne a créé la surprise, en s'imposant à Châlons-Reims d'un point (85-84). En cas de succès jeudi, la formation d'Antoine Michon affrontera Poitiers ou Fos en demie. Le Portel et Bourg ont en revanche fait respecter la logique face à Evreux (66-62) et Hyères-Toulon (82-66).
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