Le volley rebat les cartes

Le retour du volleyball dans le giron du professionnalisme repose la question de l’action municipale en faveur du sport d’élite. En clair : Poitiers peut-elle supporter financièrement plusieurs équipes de niveau national ?

Nicolas Boursier

Le7.info

Il avait prévu d’attendre le dernier déplacement de ses ouailles à Saint-Quentin pour savourer pleinement son bonheur. Mais depuis dix jours déjà, Claude Berrard boit du petit lait. « Compte tenu de notre effectif, nous nous savions attendus sur tous les terrains et nous avons répondu présent bien au-delà des espérances. Avec deux petites défaites en huit mois, une coupe de France, un titre national et une montée dans notre vitrine, cette saison restera inoubliable. »

Elle ne le sera totalement que si le parcours exemplaire des troupes de Brice Donat (qui devrait être reconduit à la fonction d’entraîneur, moins sûrement au poste de passeur) est suivi, dès l’an prochain, d’un maintien dans l’antichambre de l’élite nationale.
Le défi est clairement annoncé. Mais avec quels moyens le Stade Poitevin VB pourra-t-il le relever ? « Nous avons mené notre barque avec un budget de 470 000€, éclaire le président. Pour exister en Ligue B, nous tablons sur 700 000€. Je ne remercierai jamais assez les collectivités locales de se décarcasser pour accéder à notre demande et faire en sorte que nous atteignions cette somme. »

Pari sur l’avenir

Excellente nouvelle pour Berrard et les siens : si le Département (90 000€ jusque-là) et la Région (40 000€) étudient encore la possibilité de doper leur subvention, Ville et Communauté d’agglomération ont, elles, déjà confirmé leur volonté de mettre la main à la poche. Les deux entités vont multiplier par trois leur soutien au volley poitevin. 90 000€ hier, 260 000€ demain… Décision pleinement assumée. « Le retour du Stade au haut niveau a une valeur que les chiffres seuls ne peuvent expliquer, admet l’adjoint aux Sports, Aurélien Tricot. Il y a, dans notre ville, une véritable identité volley. Le remplissage de Lawson-Body à tous les matches, la saison prochaine, va influer sur le moral de nos concitoyens et doper l’activité des commerces, notamment des bars et des restaurants. La subvention que nous accordons est effectivement exceptionnelle, mais il faut aussi comprendre qu’il s’agit d’un pari sur l’avenir. »

Un pari que l’association SPVB (qui ne se transformera pas en société malgré la montée) entend honorer, en restant fidèle à la politique mise en place il y a deux ans. « Je suis garant de notre bonne gestion, affirme Claude Berrard. Nos deux exercices se sont soldés par un bilan nul et nos comptes sont épluchés très régulièrement. Même avec 700 000€, nous ne ferons pas de folies sur le marché des transferts. »

Fragile équilibre

Plus encore que les déplacements (à peu près équivalents en termes de distances), ce sont les contrats professionnels à signer et la masse salariale à éponger qui obèreront une bonne partie du budget. « Nous allons passer de six à douze contrats pros, poursuit le n°1 stadiste. J’ai toutefois signifié à Brice que le club ne donnerait pas dans le mercenariat, mais compterait plutôt sur des anciens joueurs du club et des gars à l’esprit irréprochable. »

Deux ans après la mise en bière des champions de France 2011 et finalistes 2012, le volley poitevin retrouve un rang digne de son glorieux passé. Mais ni le club, ni la municipalité n’entendent se laisser déborder. « L’équilibre économique d’une ville comme Poitiers est très fragile, insiste Aurélien Tricot, car les plus gros employeurs, CHU, Université, Mairie (…) ne paient pas d’impôts. Les principales rentrées fiscales de la Ville, ce sont les dotations de l’Etat, les impôts des ménages et l’activité économique. Or, quand on n’a pas de grosse boîte de type Michelin à Clermont ou Nicollin à Montpellier, il est impossible d’impulser un élan de masse au sport de haut niveau. Il faut donc faire des choix. »Dussent-ils déplaire à certaines associations ambitieuses. Avec le basket (676 000€ de la Ville et de Grand Poitiers) et le volley, les limites des possibilités financières actuelles des collectivités sont sans doute atteintes.

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