À 58 ans, Jean-François Macaire fait partie du cercle rapproché de l’ex-présidente de Région. À la fois bosseur et discret, l’élu poitevin est chargé de lui garder la place au chaud jusqu’aux Régionales de 2015. Avec « une grande pression sur les épaules », selon ses propres termes. Portrait du patron des socialistes de la Vienne.
Le timing est parfait, mais il jure que « rien n’était prémédité ». En déclinant un nouveau mandat d’élu à la Ville de Poitiers, Jean-François Macaire s’est ouvert en grand les portes d’un intérim lumineux à la tête de la Région. De facto, il abandonne ces jours-ci ses dernières prérogatives de président de Sipéa et Logiparc, deux organismes HLM dont il a redressé la barre. « J’y ai appris énormément sur la vie des gens, notamment dans le cadre de ma permanence hebdomadaire aux Trois-Cités. Simplement, j’avais le sentiment d’avoir apporté ce que je pouvais », avoue l’ancien directeur de cabinet de Jacques Santrot.
Sans transition, un autre challenge unique l’attend désormais. Et quel challenge ! Il sait que ses prochains mois rue de l’ancienne Comédie seront scrutés, décortiqués, analysés dans les moindres détails. Le fait de « succéder à une personnalité d’une telle envergure que Ségolène » ajoute une forme de pression. Maintenant, en vieux routier de la politique, le numéro 1 du PS dans la Vienne n’en fait pas une montagne et se « réfugie » derrière sa « majorité unie » et un « processus collégial » de décision. « Je vais devoir être plus attentif à tous les sujets régionaux, l’économie que connais bien, mais aussi la formation… Je suis maintenant responsable des trains qui déraillent et des lycées qui s’écroulent ! »
Pas de plan de carrière
Cette « grande responsabilité », il la doit avant tout à sa fidélité sans faille envers Ségolène Royal. Lui a qui a pris le train en marche dès 2004 est monté en grade au fil de la dernière décennie, avant de se voir confier les clés de la 1re vice-présidence. Par respect pour « la présidente » et nouvelle ministre de l’Ecologie, son successeur n’annexera pas le vaste bureau qu’elle occupait au deuxième étage de la Région. Aussi et surtout parce que l’ombre Royal va peser sur la collectivité jusqu’aux Régionales, dont elle sera tête de liste de la majorité. A titre personnel, Jean-François Macaire « s’en félicite », mais ne tire pas de plan sur la comète au sujet de sa propre carrière. Par le passé, certain(e)s ont connu quelques déconvenues. À l’instar d’Elisabeth Morin en 2002, appelée à succéder au nouveau Premier ministre Jean-Pierre Raffarin et battue dans les urnes par Royal deux ans plus tard. Alors, l’ex-fonctionnaire territorial vit « le moment présent ». « Parler de l’après-2015, c’est prématuré. Je ne sais pas répondre à ces questions ! » Prière de le croire sur parole.
Disons que l’année qui nous sépare des prochaines échéances va lui permettre de tester son autorité sur la majorité. Homme de consensus et fin connaisseur des dossiers, « JFM » aura sans doute une image moins lisse à l’horizon 2015. Mais il le jure, son style restera identique. « L’autorité ne se décrète pas, elle doit être naturelle. Et le boulot d’un élu, c’est de trancher. » Tout cela asséné sur un ton pédagogue, presque linéaire. Jean-François Macaire hausse rarement le ton, même lorsqu’il tacle gentiment ses alliés écologistes, accusés de faire cavaliers seuls sur quelques dossiers. Rassembleur devant l’éternel, il va même jusqu’à reconnaître ses erreurs lorsque sa cohérence est mise à mal. Sur le dossier de la LGV Sud-Europe-Atlantique, le nouveau président a soutenu mordicus la position de Ségolène Royal d’un refus de financer la ligne. Dans le même temps, l’élu de la Ville de Poitiers a acté la participation financière de Grand Poitiers au projet. Dans un énième sourire, le nouvel homme fort lâche ceci : « J’ai assumé… Je suis content de ne plus cumuler ! »
Déjà, en novembre 2011…
« Cette séance est particulière. Aujourd'hui, Ségolène Royal est toujours présidente, elle y met du cœur. Son départ n'est pas à l'ordre du jour. » Lundi 14 novembre 2011, Jean-François Macaire préside à titre exceptionnel la commission permanente du Conseil régional. Il remplace (déjà) la présidente, qui a choisi de prolonger son séjour en Inde. Tout un symbole. Son 1er vice-président en charge des questions économiques apparaît à l’époque comme le mieux placé pour la remplacer en cas de succès aux Législatives de juin 2012. On connaît la suite, Ségolène Royal sera battue par Olivier Falorni et devra patienter deux petites années supplémentaires pour retrouver un poste digne de ses états de service antérieurs. Et ce n’est pas Jean-François Macaire qui s’en plaindra…