Aujourd'hui
Lire, c’est prendre le pouvoir
Le Regard de la semaine est signé Jean-Luc Terradillos.
Les discussions autour du vote du budget ont été longues et houleuses. Tout avait pourtant bien commencé avec, comme toujours, la présentation du projet de l'exécuif par Francis Chalard. « Nous privilégions le pouvoir d’achat des Poitevins en n’augmentant pas le taux d’imposition, a affirmé l'adjoint aux Finances. Nos priorités s’articulent autour de la petite enfance, des personnes âgées et de l’action sociale. » Très logiquement, Jacqueline Daigre a pris la parole pour critiquer ce budget. « Je ne le voterai pas et je le regrette car, même dans l’opposition, on peut faire un travail constructif pour sa ville. Peut-être verra-t-on un jour l’opposition ou les oppositions siéger à l’exécutif, comme c’est le cas dans certains pays… » Christiane Fraysse a, elle aussi, souligné un certain nombre de points de désaccord, notamment sur les subventions accordées aux écoles privées. « Certaines sont obligatoires, alors que celles accordées aux écoles privées hors contrat ne le sont pas et nous ne les approuvons pas. »
Bref, la majorité s'est félicitée de son travail et les opposants se sont... opposés. Tout aurait pu continuer ainsi, mais Alain Verdin a décrété que, lui aussi, avait son mot à dire. « Nous existons !, a-t-il rappelé. Certains chiffres sont présentés afin de valoriser votre mandature, d’autres sont présentés de façon laconique pour qu’on ne puisse pas s’y étendre. », a-t-il poursuivi. L’élu FN est ensuite allé sur son terrain de prédilection : l’insécurité. « Vous dites que le pouvoir d’achat est préservé, c’est totalement faux. Les dealers de drogue multiplient leur salaire par quatre ou par huit alors que certains touchent le RSA à Poitiers. » Murmures de désapprobation dans la salle… Alain Verdin n’en a pourtant pas fini. L’ancien CRS a tenté d’expliquer que « certaines familles » profitaient d’abattements fiscaux grâce à un nombre d’enfants important. « Je ne peux pas accepter que dans une séance de conseil municipal, on puisse faire de la discrimination », s’est ému le maire. « Ce n’est pas de la discrimination, mais une constatation : qui va payer ? »
La parole de trop pour Aurélien Tricot, qui s'est retourné pour regarder « dans les yeux » son opposant politique. « C’est ignoble, vous continuez à distiller de la haine. Les Poitevins, quel que soit leur quartier -oui on parle de quartiers ici et non pas de cités- ont envie de vivre ensemble dans une ville apaisée. Cette assemblée vous respecte et vous écoute, mais ce n’est pas digne de vous d’avoir ce type de comportement. Nous serons toujours là pour souligner ces dérapages. » Alain Verdin ne s’est pas démonté : « Il y a des mouvements de population très fortes et, dans les années à venir, il y aura moins d’argent. Je ne regarde pas la couleur de la peau ou la religion… Tout le monde a le droit de vivre. Mais, à un moment, quand vous ne pouvez plus nourrir votre famille, comment vous faites pour en nourrir une autre ? » L’élu RMB s’est exprimé calmement et n’a pas semblé tendu mais, dans la salle, les esprits se sont échauffés. De simples citoyens ont élevé la voix. « Respectez la démocratie ! », s’est écrié un homme dans le public. Tout avait pourtant bien commencé…
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