Les marsouins font la classe

Le 21 mars dernier, une centaine de soldats du Régiment d’infanterie chars de marine (RICM) sont revenus d’une mission au Sud-Liban. Parmi eux, une poignée de volontaires étaient chargés de donner des cours de français aux enfants des villages voisins. Une façon de maintenir la paix, tout en défendant la francophonie.

Romain Mudrak

Le7.info

Vendredi dernier, l’école primaire de Vouillé était en effervescence. Céline Larrère, caporal-chef au Régiment d’infanterie chars de marine (RICM) et maman de la petite Cassandra, est venue raconter son aventure au Moyen-Orient. Pendant six mois, d’octobre à mars, elle a participé à une mission de maintien de la paix au sud du Liban, sous mandat de l’Organisation des nations unies (ONU). Membre du bureau administratif du chef de corps, la jeune femme s’est vu confier, en parallèle, une tâche originale : dispenser des cours de français à l’école de Safad El Batikh. « J’avais des enfants de 4 à 10 ans, des Libanais et des réfugiés syriens. L’objectif était de leur donner envie d’apprendre le français à travers des comptines et des poèmes, se souvient la soldate. Ils étaient un peu dissipés… Les enfants sont les mêmes partout ! » Elle en a profité pour engager un échange pédagogique avec l’école de sa fille. « Ils se sont écrit des lettres, envoyé des photos et, moi, j’ai filmé les petits Libanais en train de chanter « Une souris verte… ». Les deux groupes se sont posé plein de questions sur les repas, les animaux de compagnie, le voile. »

Parents francophiles

Comme le caporal-chef Larrère, une dizaine de volontaires sont sortis de leur camp de Dayr-Kifa (à 100km au sud de Beyrouth) pour enseigner la langue et la culture françaises. « C’était notre bouffée d’oxygène. La base faisait à peine un kilomètre de circonférence. On ne pouvait pas la quitter, sauf pour aller à l’école », souligne le caporal-chef Grégoire Dec qui, lui, s’est occupé des 11-15 ans. A Burj Kullahawai, le sergent-chef Davy Gonfo a suivi cent vingt élèves, répartis en quatre groupes, à raison de deux heures par semaine. Et ceci, sans préparation spéciale : « On n’a pas eu de formation pédagogique, mais l’Action civilomilitaire nous a donné des trucs sur la manière de transmettre un message et, surtout, sur les gestes à ne pas faire, comme saluer de la main gauche. »

Tous les enfants ont assisté à ces cours de leur propre chef. Les soldats assurent n’avoir été confrontés à aucune marque d’hostilité de la part de la population locale, qui garde souvent un bon souvenir du protectorat français. «
Les parents d’une quarantaine d’années et plus sont francophiles. Ils se disent que leurs enfants pourraient un jour aller en France. » Au-delà du maintien de la paix, ce genre d’action a aussi pour but de « défendre la francophonie, dans un pays où l’anglais se répand très vite en tant que langue commerciale », précise le commandant Bonnet, officier supérieur adjoint (l’équivalent du directeur de cabinet). Quoi qu’il advienne, cette mission a un effet bénéfique : ouvrir l’esprit des petits Vouglaisiens sur un pays arabe du Moyen-Orient.

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