Aujourd'hui
Lire, c’est prendre le pouvoir
Le Regard de la semaine est signé Jean-Luc Terradillos.
Certains conseils de Grand Poitiers sont plus mouvementés que d'autres. Celui de ce vendredi soir était plutôt relevé... Tout a commencé dans une ambiance bon enfant. Le président sortant, Alain Claeys, a énuméré la liste des soixante-trois conseillers communautaires dans la bonne humeur générale. A l'appel du nom d'El Mustapha Begsir, Alain Claeys s'est même allé à une petite blague : « Ah, pour une fois, il est arrivé à l'heure ! »
L'installation des nouveaux conseillers achevée, Jean-Louis Chardonneau a pris la présidence du conseil et s'est fendu d'un discours : « Dans cette enceinte, nous devons travailler ensemble à l'intérêt commun par-delà les divergences politiques et territoriales. C'est une belle aventure. »
Jacqueline Daigre a souhaité prendre la parole et a tenu à peu près le même langage qu'au conseil municipal de lundi dernier : « Je respecte la bonne entente qui règne au sein de ce conseil. Cependant, je ne ferai pas de la figuration. Je n'ai pas l'habitude de parler pour ne rien dire. J'exprimerai avec force et fermeté ma ligne de conduite et je vous demande de la respecter. »
Verdin critique le gouvernement
Tout aurait pu en rester là... si Alain Verdin n'en avait pas décidé autrement. L'élu Front National s'est lancé dans une diatribe contre la politique actuelle du gouvernement. Il a commencé par donner une petite leçon d'histoire... «Pendant plus de mille ans, la France a parfaitement fonctionné avec un pouvoir central, ses provinces, ses pays et ses paroisses. Toutes ces délimitations étaient naturelles. (…) Les paroisses étaient réunis autour des églises, là où nos ancêtres allaient à la messe, se mariaient et étaient enterrés. Certains ont voulu tout changer. En fait, on a surtout changé les noms, mais pas vraiment les institutions. Les provinces sont devenues des départements, les pays des cantons et les paroisses des communes. Aujourd'hui, on veut de nouveau tout changer. Agrandir les régions ? Ça ne va pas nous empêcher d'acheter chinois ! Il faut revenir à nos cantons et à nos communes et, là, la France ira mieux. »
Évidemment, les élus ont très peu goûté au discours d'Alain Verdin. Philippe Brottier a estimé « qu'il y avait d'autres endroits pour parler d'enjeux nationaux ». Yves Jean a également assuré que le conseil d'agglomération n'était pas le «lieu pour des débats de cette nature».
Une fois ces vérités assenées, l'élection du nouveau président de Grand Poitiers a pu se tenir. Seul candidat en lice, Alain Claeys a a été réélu (51 voix pour, 4 nuls et 7 blancs, ainsi qu'une enveloppe vide). Lors de sa longue allocution, il a rappelé, lui aussi, que le conseil d'agglomération n'était pas le « lieu d'affrontements idéologiques ». « Chacun d'entre vous a des convictions politiques, vous ne les perdez pas en franchissant cette porte. Mais, je voudrais que nous dépassions nos clivages pour mieux travailler ensemble. » Pas sûr que son souhait soit exaucé...
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