François Durpaire. Bientôt 43 ans. Historien, maître de conférences en sciences de l’éducation à Cergy et auteur de la première biographie française sur Barack Obama. Poitevin de « souche », le chouchou des médias fait de l’hyperactivité et de l’insatisfaction ses moteurs de réussite. Des Etats-Unis à l’éducation, de l’Afrique aux minorités, son spectre de pensées confine au gigantisme.
Cela n’aura échappé à personne, le nouveau ministre de l’Education nationale s’appelle Benoît Hamon. Pas François Durpaire. En se glissant, un instant, dans la peau du locataire de la rue de Grenelle, le quadra au look reconnaissable entre mille se plaît à rêver d’un ministère pas exclusivement cantonné à l’école. Il en programme d’ailleurs « la fin » dans son prochain ouvrage, à paraître à la rentrée. Derrière un titre un brin provocateur, le maître de conférences en sciences humaines, à l’université de Cergy (*), avance des arguments somme toute valables. « Nous entrons dans l’ère de la créolisation éducative. Friedman disait, déjà dans les années 60, que la télé était une école parallèle… »
Le sujet le passionne, c’est un fait. Et comment pourrait-il en être autrement, lui dont le propre père (Jean-Louis) a dirigé, entre autres, le CRDP Poitou-Charentes et dont la sœur est professeur des écoles. Autant dire qu’il trempe dans le bain éducatif depuis tout-gamin. Sa prime vocation ? Il la doit « à Poitiers, une ville ouverte sur l’histoire en permanence, avec une église toutes les deux rues ». Dès le CE2, ce spécialiste reconnu des Etats-Unis fut subjugué par… Notre-Dame. Il revient très régulièrement dans le Poitou, son port d’attache. Enfin, quand ses dizaines de projets parallèles lui en offrent le temps. Car depuis 2007 et la sortie de la première biographie en français de Barack Obama, les médias se l’arrachent. Comme s’il avait été une sorte de prophète.
Puncheur sur Europe 1
La double campagne des Présidentielles américaines, les attentats de Boston, la visite d’Etat de François Hollande en mars dernier… A chaque fois que les projecteurs sont braqués sur les USA, François Durpaire déboule en qualité d’expert ès Amérique. Personne ne lui conteste cette qualité d’ailleurs. N’est-ce pas l’auteur du « Que sais-je ? » sur l’histoire des Etats-Unis ? « Une fierté… » Comme ses contemporains historiens, il est une sorte d’animal à sang froid, « capable de prendre du recul », y compris et surtout au cœur d’une actualité bouillonnante. Jusque-là, l’ami d’Aurélien Tricot, dont il avait soutenu la candidature aux primaires du PS, s’en sort bien. Très bien même. Au point de s’inviter régulièrement chez Wendy Bouchard, dans le 12-14 d’Europe 1, pour y jouer les « puncheurs » dans des débats souvent vifs.
Du petit écran à l’édition -il prépare « L’Histoire mondiale de la France-, de l’enseignement aux engagements citoyens, Durpaire l’hyperactif surfe sur la vague de ses centres d’intérêt. Au premier rang desquels les minorités. Il tient une chronique régulière sur RFO, avec plusieurs documentaires à son actif, et prendra la direction des programmes d’une chaîne de la TNT en septembre. A ces activités « médiatiques », il faut ajouter son engagement au sein du Mouvement pluricitoyen, qui défend « une France ouverte » et revendique son droit à « faire bouger le système ». « Nous sommes le pays de l’universel, en même temps le plus mal à l’aise avec le monde ». Elevé sur des terres de tolérance et de tempérance, cet insatisfait permanent supporte mal ce paradoxe. Comme il supporte mal que la frontière de l’intime recule chaque jour un peu plus sous l’effet des réseaux sociaux. Chers lecteurs(rices), vous ne saurez pas ce que l’historien mange au petit-déjeuner, ni avec qui il passe ses soirées. Au fait, c’est grave docteur de n’avoir que 1500 followers ?... L’anecdote le fait sourire. En bon leader d’opinion, il fait la différence entre la vacuité et l’épreuve des faits. L’iconoclaste François Durpaire n’a pas fini d’envahir les plateaux télé. Et sûrement jamais comme ministre de l’Education nationale !
(*) Il donne aussi des cours à l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris), dirigé par Pascal Boniface.