Le moulin de Chasseigne figure sur toutes les cartes postales touristiques de Poitiers, juste à côté de Notre-Dame. Et bien, sachez qu’il est habité depuis quatre ans par un couple et ses trois enfants. De la cuisine, ces heureux propriétaires bénéficient au petit déjeuner d’une vue imprenable sur la vallée du Clain.
Avez-vous déjà essayé de pêcher depuis la fenêtre de votre cuisine ? Pas facile quand on habite au cinquième étage d’un immeuble ou dans un pavillon de banlieue. Un beau jour de printemps, Pierre-André, lui, s’est mis en tête de plonger sa ligne dans le Clain tout en restant assis à la table familiale... Il faut dire qu’en la matière, son incroyable maison occupe une position stratégique. C’est le moulin de Chasseigne, situé au milieu de l’eau, à la hauteur du boulevard Chasseigne, à Poitiers.
Les visiteurs y accèdent par une passerelle faite de métal et de bois qui enjambe les remous de la rivière. A l’extérieur, le bruit est impressionnant, mais une fois la porte fermée, plus rien. « Nous avons changé toutes les fenêtres à notre arrivée, il y a quatre ans, pour améliorer l’isolation thermique et surtout phonique », se souvient Carine. Née à Paris, cette mère de famille voulait habiter en centre-ville, un lieu dont Pierre-André désirait, au contraire, s’éloigner le plus possible. Cette résidence atypique était le compromis idéal. L’entrée donne sur un grand salon. A gauche, le couloir vers la chambre des parents, qui offre un beau point de vue sur l’église Montierneuf. A droite, la cuisine séparée du reste par un... gigantesque aquarium. « Comme si on n’avait pas assez d’eau autour de nous », souligne malicieusement Carine. A l’heure du repas, la famille bénéficie d’un panorama exceptionnel sur la vallée du Clain et ses coteaux. Le premier étage dispose de trois chambres pour les enfants, le second attend sa rénovation. « Dans les années 90, quand le moulin était inoccupé, le parquet a été brûlé par des squatteurs qui voulaient se réchauffer », expliquent les propriétaires.
Gazon noyé
Une trappe dissimulée sous un tapis du salon permet d’accéder au sous-sol. On peut encore y observer les rouages du moulin d’antan qui servaient à assouplir les poils des brosses fabriquées in situ. Une issue mène vers le jardin au bord de l’eau... forcément ! « Ne regardez pas l’état du gazon, il est resté sous l’eau pendant plusieurs mois cet hiver », note la maîtresse de maison. Les crues, parlons-en ! Le danger d’habiter dans un moulin au milieu de l’eau, c’est de se retrouver inondés et isolés une partie de l’année. « L’eau n’est jamais montée dans le salon, rétorque Pierre-André. La Mairie a installé une passerelle disgracieuse. Elle ne devait être que provisoire, mais personne n’est venue la retirer depuis l’année dernière. »
Au sous-sol, la plus grande des trois filles embarque parfois pour une virée en canoë. Vous avez dit insolite ? Les photographes amateurs ont déjà pris des milliers de clichés du « moulin » depuis la berge d’en face. « On les salue souvent de la fenêtre. Je pense que notre famille est dans pas mal d’albums ! » Et peut-être même sur des cartes postales...