Jos et études font parfois bon ménage

A priori, exercer un emploi salarié pendant ses études ne favorise pas vraiment la réussite scolaire. Une enquête menée par des étudiants en économie de Poitiers, apporte quelques nuances. Combiner les deux est possible et les plus modestes ne sont pas les plus représentés.

Romain Mudrak

Le7.info

Des étudiants en sciences éco sont allés interroger leurs petits camarades dans toutes les facultés de Poitiers, avec l’ambition de tracer un profil le plus précis possible de l’étudiant salarié. « Nous avons choisi d’aller directement à leur rencontre car les chiffres de l’administration sont faux. Pour tout un tas de raisons plus ou moins légales, la plupart d’entre eux n’ont pas intérêt à déclarer leur job et leurs revenus », souligne en préambule Liliane Bonnal, le professeur qui a piloté l’enquête. 30% des 823 étudiants de L1 et L2 sondés travaillent en plus de leurs études. Jusqu’ici, pas de surprise, ce chiffre est le même qu’au plan national. Ils sont plus nombreux en Sciences humaines et arts. Les mauvaises langues disent que ces derniers ont plus de temps disponible. Cette explication ne figure pas dans l’étude... Une majorité des salariés espère atteindre le grade de master. Mais la suite des résultats démontre qu’une variable apparaît déterminante dans leur succès : le temps.

Job alimentaire

Entre un jeune qui bosse à mi-temps et un autre qui se consacre entièrement à son cursus, la probabilité de réussite scolaire fluctue de dix-huit points en faveur du second. « Précisément, on remarque que jusqu’à seize heures de travail hebdomadaires, les conséquences ne sont pas significatives. Au-delà, ça se dégrade », analyse l’enseignante.

Les « licences » se fatiguent au turbin, soit pour être indépendants de leurs parents, soit parce que ces mêmes parents n’ont pas les moyens de financer les études de leur enfant. Plus étonnant, les statistiques montrent que la plus grande partie des salariés (28%) provient de milieux favorisés (cadres et au-delà). « Il faut distinguer deux catégories d’emplois, assure Marie-Danielle Body, qui mène une thèse à Poitiers sur le même sujet. Certains bossent par besoin, tandis que d’autres cherchent juste à financer leurs loisirs. » Comme ils n’ont pas droit à la bourse, les fils de cadres usent de leurs réseaux plus fournis que les autres pour exercer un petit boulot rémunérateur. Les syndicats Unef et Fage, notamment, militent depuis longtemps pour la création d’un véritable statut d’étudiant salarié. En tout état de cause, cette enquête prouve la nécessité d’aménager les emplois du temps pour les plus modestes. A ce moment-là, peut-être que certains « fraudeurs » seraient incités à déclarer leur activité au grand jour.
 

Liliane Bonnal et Marie-Danielle Body étaient les invitées d’une émission spéciale diffusée sur Radio Pulsar, jeudi 20 mars, de 16h30 à 17h30. Des étudiantes ont partagé leur expérience avec des représentants de l’Unef et de l’Afep, au cours d’un débat co-animé par Pulsar et 7 à Poitiers. A écouter ici :

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