Ils viseront les 10%

Dans l’ombre des trois ténors des sondages, Christiane Fraysse (Osons Poitiers), Ludovic Gaillard (Lutte Ouvrière – Faire entendre les camp des travailleurs) et Alain Verdin (Rassemblement Bleu Marine à Poitiers) n’auront d’autre ambition que d’atteindre le second tour…

Nicolas Boursier

Le7.info

Alain Claeys la tient en haute estime, mais ne s’est jamais caché d’affirmer qu’elle avait « fait une erreur de ne pas le rejoindre ». En choisissant de quitter le nid de la « gauche majoritaire », Christiane Fraysse a surpris plus d’un Poitevin et visiblement déçu le maire sortant, très tôt enclin à déclarer qu’une alliance d’entre deux tours ne serait nullement envisageable. « Cela tombe bien, rétorquait l’actuelle adjointe à l’Environnement, le soir de la présentation du programme d’« Osons Poitiers ». Car j’ai bien l’intention d’y être à ce second tour. »

Pour y parvenir, la chef de file d’Europe Ecologie-Les Verts a opté pour une autre coalition, en s’acoquinant avec le Nouveau parti anticapitaliste, Ensemble et le Parti de Gauche. Une entente quadricéphale qui se veut à la fois écologique et sociale, solidaire et citoyenne. En un mot audacieuse. « Cette liste entend proposer une vraie alternative à gauche, explique l’inspectrice des finances publiques, et des projets qui vont dans le sens d’une meilleure concertation entre le pouvoir décisionnaire et la population. Poitiers doit se faire pour et avec ses habitants. »

Gaillard, homme d’élections

La consultation, Ludovic Gaillard en a, lui aussi, fait un cheval de bataille. Celle de la masse laborieuse, surtout. Véritable électron libre de la politique locale, la figure de proue de Lutte Ouvrière butine à l’envi les fleurs de la contestation, en tirant à vue sur tout ce qui bouge. La grande bourgeoisie droitière, les Socialistes « qui trompent les travailleurs », les Communistes « qui ne font que semblant de s‘en offusquer », les Verts « qui cautionnent cette société capitaliste destructrice »… Tout le monde en prend pour son grade. En ce sens, le discours ne varie pas d’un iota d’une élection à l’autre. Rappelons à cet égard que Ludovic Gaillard était déjà engagé dans les Municipales 2008 (1,74% au premier tour), mais aussi aux dernières Régionales 2010 (1,04%) et Législatives 2012 (0,55%).

Plus que sur les flonflons d’une campagne tape-à-l’œil -une seule réunion publique est prévue le 13 mars-, Gaillard mise donc sur la force de son engagement pour convaincre. Avec un candidat de plus qu’en 2008, la barre des 2% risque toutefois d’être difficile à atteindre.

Le mystère Verdin

A priori, Alain Verdin n’a guère plus de chance de rallier le second tour, si l’on se réfère à son score des dernières Législatives dans la 3e circonscription de Jean-Michel Clément. Sauf que le 1,39% alors recueilli l’avait été sous la bannière de Debout la République. Depuis, l’ancien flic a changé de crémerie et défend désormais les couleurs du Rassemblement Bleu Marine.

Pour la première fois dans l’histoire poitevine, donc, un candidat d’extrême droite sera présent dans la bataille des Municipales. Et c’est justement cette nouveauté qui pose question sur l’issue du scrutin. Longtemps réduite à l’omniprésence d’Eric Audebert, l’implantation du Front National dans le département se renforce cette fois-ci avec trois candidatures, à Poitiers, Châtellerault et Thuré. Comme annoncé, lors de sa venue entre Boivre et Clain, par Marine Le Pen, la Vienne est devenue « une terre de mission ». Mais quelle est la puissance réelle, aujourd’hui, de l’électorat du FN ou du RBM dans la capitale régionale ? 3% ? 7% ? 9% ? Ou, carrément, les 10,31% dérochés, au dernières Présidentielles, par Marine Le Pen elle-même ? C’est là, assurément, l’un des grands mystères de ce premier tour à Poitiers.

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