Jean-Marc Alleau est officiellement « responsable de salle », mais lui préfère le terme de « concierge ». Jour et nuit, il veille sur l’hôtel de ville de Poitiers. Pour mener à bien cette mission, Jean-Marc bénéficie d’un logement de fonction, au sein-même du bâtiment. Un charmant appartement de 83 m2, situé en rez-de-cour. « Ma maison, c’est aussi mon travail », explique ce Poitevin de 55 ans.
Jean-Marc Alleau et son épouse Chantal ne paient pas de loyer, puisqu’il s’agit d’un avantage en nature. « En contrepartie, je vis, je mange, je dors à la mairie, déclare-t-il. Heureusement, je me sens bien dans cet appartement. » Il apprécie particulièrement les moments passés confortablement installé dans son canapé, à regarder ses programmes favoris. Détail qui peut paraître étonnant, Jean-Marc et son épouse passent leurs soirées télé… dans le noir. « La baie vitrée donne sur la cour, pour que je puisse surveiller les entrées et les sorties. Si j’allume la lumière, tout le monde nous voit. » La lumière, parlons-en. Pas de lustre au plafond du salon, mais des néons blancs. « Cette pièce est un ancien bureau », éclaire le locataire.
Le logement comporte également une lingerie, une cuisine séparée, deux chambres, une grande salle de bain… et « La Souillardière », une espèce de grande cave tout en pierre. « Vous ne connaissez pas l’histoire ? A une époque, les pompiers de Poitiers s’en servaient pour faire sécher leurs lances… » Depuis son installation, en 2001, le couple a transformé cette pièce en débarras.
Incendie à la mairie
La loge du concierge est située juste à côté de l’entrée de son appartement. On y trouve plusieurs écrans, qui lui permettent de vérifier si tout va bien. Le soir, après le départ de tous les employés, Jean-Marc effectue une ronde dans l’hôtel de ville. « J’adore ces moments… Tout est si calme, on n’entend plus un bruit. Parfois, lorsque je passe dans la salle des Blasons, je m’imagine en train de danser la valse sur le parquet ciré. J’ai l’impression que la mairie m’appartient. »
Le plus souvent, il ne constate rien d’anormal. Le plus souvent… Jean-Marc se souviendra longtemps de cette nuit du 25 septembre 2013. A 0h20, une alarme incendie se déclenche. Le concierge monte quatre à quatre les marches qui mènent au service du courrier. Le bureau est en flamme. Ni une, ni deux, le maître des lieux appelle les pompiers qui débarquent quelques minutes plus tard. « C’est vrai, ils sont arrivés vite, mais ça m’a semblé être une éternité. Depuis, je dois l’avouer, je ne passe plus une nuit sans y penser. » L’angoisse est persistante. Jean-Marc le sait, il ne sera « jamais tranquille chez lui ». Chez lui, à la mairie.
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