Une semaine après s’être offert le leader aux Arènes, le PB86 s’est pris les pieds dans le tapis face à la lanterne rouge, Orchies. La faute à une trop grande naïveté défensive couplée à un manque d’alternance en attaque.
Les soirs de Carnaval, il n’est pas rare que les masques tombent, y compris ceux des cancres de la classe. Avant de débarquer dans le Poitou, Orchies n’en mène pas large. Le bonnet d’âne de Pro B est scotché au fond du classement, a changé plusieurs joueurs, son entraîneur, et sait que les invités du PB repartent, en général, avec une valise pleine, quel que soit leur pedigree. Mais plutôt que de jouer aux victimes expiatoires, les Nordistes s’enhardissent d’entrée, dans le sillage de leur intérieur Nicolas Taccoen (0-4, 2e). La valse des prétendants à l’exploit se poursuit tout au long du premier quart-temps, avec tour à tour Stanley, Rowland et ce bon vieux Marc Salyers à la finition.
En face, gêné par la zone 2-3 proposée par Dobbels, Poitiers s’échine à déclencher de loin, avec une réussite douteuse (1/7 après dix minutes). Et comme cette satanée réussite fuit aussi les intérieurs maison, l’écart grimpe jusqu’à dix unités à l’amorce du deuxième acte (14-24, 13e). Heureusement, Fall impose ses deux cent dix-huit centimètres à l’intérieur, même si sa suractivité (6rbds, 4 contres !) ne gomme pas toutes les carences de ses coéquipiers. A l’image de Kevin Harley, engagé dans quatre cavalcades conclues par deux balles perdues et autant de lay-up infructueux. La petite lumière se rallume toutefois à la faveur de deux… missiles signées Jeff Greer (24-26, 18e). Il en faut plus cependant pour que le PB reprenne les commandes d’un match, jusque-là, mal maîtrisé (30-33, 20e).
Rowland comme à la parade
A la reprise, peu de différence dans l’intensité défensive, mais un léger mieux à l’autre bout du parquet. Si bien que Poitiers prend, pour la première fois, à la vingt-troisième minute, les commandes des Arènes. Sur un triple d’Ingram, de surcroît. Un nouveau panier primé signé Souchu (42-38, 9-0) laisse penser aux 3 250 âmes réunies au parc des expos que le PB a définitivement pris ses marques. Que nenni. Faute de défendre correctement sur les pick’n’roll et à l’intérieur, le PB cravache péniblement pour résister aux assauts du trio Stanley-Taccoen-Rowland (51-49, 30e). Deux nouveaux missiles de Greer (21pts) à l’amorce du quatrième quart entretiennent l’illusion d’un succès construit sur l’euphorie. Toute ressemblance avec Boulogne... Mais Rowland (21pts, 9pds) et Petrovic se chargent de passer un 9-0 à leurs hôtes d’un soir et l’affaire semble bien mal embarquée. Avec un peu plus de lucidité, Orchies aurait d’ailleurs pu se passer d’une prolongation arrachée par le trop discret Ekperigin.
Ingram comme un symbole
Qu’à cela ne tienne, le promu a patienté cinq minutes supplémentaires avant de laisser éclater sa joie, profitant de l’hallucinante prise de risques du PB derrière l’arc : 12/37 ! Comme un symbole, c’est d’ailleurs Rowland qui s’est offert le tir (presque) décisif au buzzer (71-77, 44e), à une minute du terme. Les dernières banderilles de Souchu ou Guillard (14pts, 13rbds, 20 d’évaluation) dans le flanc nordiste n’auront servi à rien. Le pire, c’est que le PB a eu la balle de la gagne à six secondes du terme, après un lancer raté par Thinon et un rebond échappé des mains de Salyers. Las… Au lieu de mettre la balle à l’intérieur et donc d'arracher une deuxième prolongation, comme demandé par Ruddy Nelhomme sur le temps-mort précédent, Poitiers s’en est remis à un tir ave maria à trois points de Justin Ingram (1/9 au total. Le triste épilogue d’une soirée à oublier au plus vite. Lille (7 mars) et Le Portel (14 mars) se profilent déjà là l’horizon mais, pour s’imposer dans le Nord, le relégué de Pro A devra proposer autre chose que face à Orchies. Gare à la (re)descente sur terre !
Photo Seb Jawo
La fiche
A Poitiers, BC Orchies bat Poitiers Basket 86 81-79 ap. Mi-temps : 33-30. Arbitrage de MM. Creton et El Faiz. Evolution du score : 16-12, 33-30, 49-51, 68-68, 81-79. 3250 spectateurs.
POITIERS. Thinon (4), Harley (2), Souchu (16), Ekperigin (10), Guillard (14), Fall (4), Greer (21), Ingram (8). Entraîneur : Ruddy Nelhomme.
ORCHIES. Rowland (21), Verbeke (10), Stanley (17), Petrovic (12), Taccoen (13), Gaillou (2), Salyers (6). Entraîneur : Didier Dobbels.
Ils ont dit…
Ruddy Nelhomme (entraîneur du PB86) : « L’équipe d’Orchies a fait un bon match en cassant le rythme. On a joué arrêtés, on a pris des shoots à trois points en manquant de réussite sur des tirs ouverts. Après, nous avons surtout été moins concentrés défensivement, avec pas mal d’oublis, de précipitation. Notre envie de bien faire n’a pas été suffisante. On vient de « gâcher » quatre mois de travail, neuf victoires à la maison… Je ne dirais pas qu’on retombe dans nos travers, mais nous n’avons pas été à notre niveau défensivement. En attaque, on prend cinq-six tirs à trois points de trop. La dernière action (le tir d’Ingram, Ndlr) ? Le jeu appartient aux joueurs, malheureusement c’est comme ça… »?
Pierre-Yves Guillard (intérieur du PB86) : « Orchies a essayé de fausser le rythme du match, en défendant en zone d’entrée. On a eu des shoots ouverts qui rentraient sur les derniers matchs. Aujourd’hui, c’était plus compliqué. C’est difficile derrière de trouver un bon rythme. Cette défaite n’est pas illogique vu le match réalisé par Orchies. On n’a pas réussi à trouver d’autres solutions et on n’a pas sous-estimé cette équipe. Il va falloir rectifier cela au plus vite car ça gâche un peu ce que nous avions fait avant. Il faut se rattraper à l’extérieur. »
Didier Dobbels (entraîneur d’Orchies) : « Il ne faut pas se précipiter. Cela fait dix jours que je suis avec ce groupe. J’ai essayé de travailler avec ce que les jours ont dans leur tête. Ce soir, on n’a pas encore été dans la maîtrise du jeu, dans la lucidité. Il faut essayer de gommer cette peur de perdre ou gagner. Cette victoire va nous permettre de continuer. Ce que nous avons mis en place a assez bien marché. Sur le papier, Poitiers est meilleur que nous. La zone en début de match, c’était pour voir comment le PB allait réagir. Les choix défensifs ont été payants. Après, on a joué sur la confiance. »?