Cette semaine, le 7 se penche sur Poitiers- Ouest, un vaste quartier qui pâtit d’un manque d’homogénéité. La multitude de « sous-quartiers » n’encourage pas la création d’une véritable identité de territoire.
Poitiers-Ouest rivalise avec Saint-Eloi pour le titre du plus grand quartier de Poitiers. Avec ses 1113 hectares (contre 1172 ha), il n’obtient que la deuxième place. « Non seulement ce territoire est vaste, mais il est aussi complètement enclavé, assure Pierre Fleurisson, habitant de Poitiers-Ouest depuis plus de vingt ans. Il est enfermé entre la vallée de la Boivre et la rocade. » Cette grande superficie pose un problème de taille : son manque d’unité. « Pour ne rien arranger, l’avenue de Nantes crée une véritable scission. »
La multitude de « sous-quartiers » (Montmidi, Bel-Air, Blaiserie, Bugellerie, Porteau, Rocs, Montgorges, Demi-Lune, République) ne favorise pas la création d’une « véritable identité ». « Chacun a ses caractéristiques, son histoire. Ici, à Montmidi, chaque rue a trait à la Seconde Guerre mondiale : Maquis, Jean- Jaurès, Résistance… C’est vrai, ce quartier n’a pas une spécificité, mais plusieurs. » Tant et si bien que même l’Insee y perd son latin. L’institut qualifie Poitiers- Ouest de « disparate ».
Davantage de mixité
Ce manque d’homogénéité se reflète dans la population. Les plus de 60 ans sont sur-représentés (plus de 60%), mais peu à peu les jeunes ménages s’installent, attirés par l’opulence des structures éducatives. On dénombre cinq écoles maternelles, quatre écoles élémentaires, deux collèges et trois lycées, sans oublier la Maison de la Formation. Quant au profil sociologique, il est, là encore très variable.
On trouve aussi bien des chefs d’entreprise que des artisans, commerçants ou employés. « La population a évolué, note Roland Brevet, président du comité de quartier. Bel-Air est devenu le coeur de Poitiers-Ouest et son image est aujourd’hui largement redorée. Beaucoup de jeunes couples y emménagent. » Selon une enquête réalisée par le conseil de quartier, les habitants de Poitiers-Ouest réclament davantage de mixité et de solidarité entre riverains : « Dans trente ans, nous imaginons la création d’immeubles intergénérationnels. Il y aurait des colocations entre personnes âgées encore valides et/ou isolées. »
Exit le RICM ?
Cette étude fait la part belle aux propositions pour le moins... inattendues. Certains rêvent que le RICM se transforme en « lieu de formation initiale et continue fondé sur l’utilisation du numérique.» Décidément, la zone militaire ne séduit pas… Certains souhaitent carrément que l’armée déserte les lieux et, « qu’à la place, les terrains laissés libres deviennent le vrai coeur du quartier, totalement réorganisé et restructuré avec des restaurants, un cinéma convertible en salle de musique… » L’aéroport, second élément important de Poitiers-Ouest, ne fait pas, lui non plus, consensus. Des habitants envisagent de le transformer en… zone de maraîchage ou d’élevage !
Ces propositions ne sont pas du goût de Roland Brevet : « Nous avons besoin de ces structures ! Le RICM est une véritable entité. Les familles de militaires font vivre le quartier. Elles font leurs courses à Système U, dans les petits commerces de proximité. Et puis, les hommes en uniforme imposent le respect et inspirent un sentiment de sécurité. »
Reste que le territoire manque de « lieux de convivialité » pour constituer un « vivre-ensemble ». Le centre socioculturel de la Blaiserie tente de remplir ce rôle. Peu à peu, la structure tend à devenir le « trait d’union » entre les habitants de Poitiers-Ouest. Le moyen, peut-être, de créer cette identité tant recherchée.
Les chiffres qui comptent
· 1113… en hectares, la superficie de Poitiers-Ouest. Ce qui en fait le deuxième plus grand quartier de Poitiers, tout juste derrière Saint-Eloi/Breuil-Mingot.
· 12 245… le nombre d'habitants recensés, à Poitiers-Ouest, en 2009. L'Insee a découpé le quartier en zones : Le Porteau (2081 habitants), Les Rocs (2347 habitants), Montmidi (3114 habitants), la Demi-Lune (2439 habitants), Bel-Air (2011 habitants) et République (253 habitants). Il s'agit du quartier le plus peuplé.
· 41… le nombre des commerces (hors services) du quartier. On peut citer Système U, Intermarché de la Demi-Lune les enseignes du pôle République, …
· 60%…de la population de Poitiers-Ouest est propriétaire. Sauf à Bel-Air, où ce taux n’atteint pas 30%.
Trois questions pour un quartier
Poitiers-Ouest manque d'un élément structurant, qui lui donne une véritable identité. Le Centre-socioculturel de la Blaiserie pourrait être ce lieu. Comment attirer davantage la population de tous les quartiers de Poitiers-Ouest ? Geneviève Maudet, référente du Conseil de quartier.
« Notre objectif est justement que Bel-Air/La Blaiserie devienne un véritable « cœur de quartier ». Nous avons la Poste, la mairie annexe, la Maison de la solidarité, le commissariat de police… Le centre est ici. Notre rôle en tant que lieu d'animation est de se réapproprier l'espace de Bel-Air. Et puis, si les habitants ne se rendent pas à La Blaiserie, ce sera La Blaiserie qui se rendra dans les quartiers périphériques. Nous allons multiplier les spectacles de rue, les manifestations festives… L'idée, c'est véritablement de fédérer la population. C'est déjà le cas l'été, lors du Festival à l'Ouest, qui rencontre chaque année un beau succès. » Dominique Durand, directeur du centre-socioculturel de La Blaiserie.
Les parents d'élèves du collège Rabelais ont visité le nouveau bâtiment. Il est parfaitement conçu, les salles sont spacieuses et lumineuses. Sa capacité d'accueil doit répondre aux besoins du quartier qui s'agrandit, puisque de nouvelles familles s'installent aux Montgorges. Est-ce le cas ? Nicolas Guilloteau, président de la Fédération des comités de parents d' »lèves du collège François-Rabelais.
« En mars 2013, nous nous interrogions sur les dimensions du collège. La population du quartier augmentait de façon plus importante qu'on ne le pensait. Aujourd'hui, la question ne se pose plus. Nous avons créé un étage supplémentaire qui permettra d’accueillir davantage d'élèves. La capacité va passer à 850 élèves contre 550 actuellement. C'est tout à fait satisfaisant. En revanche, en périphérie de Poitiers, la situation est un peu plus préoccupante. A Latillé, Neuville-du-Poitou et Jaunay-Clan, les effectifs augmentent considérablement. Le collège Rabelais va sans doute permettre de désengorger d'autres établissements. » Henri Colin, vice-président du Département en charge de l'éducation.
Plus de 9000 voitures passent quotidiennement par la rue de Cueille Mirebalaise. Cela entraîne de nombreuses nuisances : pollution, bruit, odeur de gaz d'échappement, insécurité des piétons et des cyclistes... Cela devient très pesant. Nous demandons que l'accès à cette rue soit réglementé. Est-ce envisageable ? Anatole Andrault, membre du groupe « La Cueille est balaise ».
« J'ai rencontré les habitants de cette rue à plusieurs reprises. Ils ont raison, les problèmes existent. Si nous sommes réélus, la rue sera requalifiée. Nous n'avons pas pu le faire avant, à cause des travaux du viaduc Léon-Blum et l'aménagement du carrefour pour le passage des bus. Si nous sommes réélus, nous envisageons la création de trottoirs ou le plat total, comme dans la rue Maillochon. Il faut redonner leur place aux piétons. Mais il s’agit d'un axe majeur pour sortir de Poitiers, nous ne pouvons pas le fermer à la circulation. Nous trouverons, en collaboration avec les habitants, la situation qui leur convient le mieux. » Eliane Rousseau, élue en charge de la Voirie.