Grande salle : une si mauvaise idée ?

À Poitiers, le climat de la campagne des Municipales est marqué par une vive polémique entre partisans et opposants au projet d’une grande enceinte sportive et culturelle. De Trélazé à Boulazac, en passant par Brest, le « 7 » fait le tour de la question.

Arnault Varanne

Le7.info

L’un (Claeys) n’en veut pas, les autres (Daigre, Duboc) esquissent un début de réflexion sur le sujet. Le serpent de mer de la construction, à Poitiers, d’une salle multimodale digne de ce nom ressurgit à un mois des Municipales. Quand le maire sortant oppose une fin de nonrecevoir à ses deux concurrents de droite et du centreun tel projet n’est pas compatible avec nos capacités financières »- les têtes de liste UMP-UDI et NPCP réclament au moins « une étude » sur la faisabilité d’une enceinte de 5000 à 6500 places, capable d’accueillir des spectacles et des manifestations sportives. C’est sur le coût d’une telle infrastructure et ses frais de fonctionnement que les avis divergent. Alain Claeys évoque l’Arena de Brest à 42M€, Jacqueline Daigre se réfère à l’Arena Loire de Trélazé, quelque 21M€ HT selon plusieurs sources. Deux projets a priori identiques en termes de jauges que beaucoup d’éléments opposent. Dans le Finistère, le montant réel des travaux s’élève stricto sensu à 30M€ HT. Ce que confirme l’architecte du projet, Jérôme Moenne-Loccoz, mandaté par l’agence Herault et Arnod. « Le reste correspond à l’achat du terrain et aux études de faisabilité. »

Au-delà de sa modularité, la future Arena de Brest dispose d’un gymnase annexe, d’espaces d’exposition, d’une salle de musculation, de salons VIP… Son ouverture est programmée à la rentrée 2014. L’Arena Loire, elle, a déjà vécu de belles heures, notamment grâce à l’Euro Basket féminin, en juin dernier. Une quinzaine de dates (concerts, spectacles, sport) devraient occuper le premier semestre 2014. « Avec cette salle, nous pouvons prétendre à de nombreuses compétitions sportives nationales et internationales, ainsi qu’à des spectacles qui, jusque-là, n’avaient aucun point de chute en Anjou », indique de son côté François Steinebach, adjoint aux Sports de Trélazé.

Une visite après les Municipales ?

Pour la petite histoire, le dernier-né des écrins multifonctionnels du Grand-Ouest est la copie conforme du Palio de Boulazac. Et le rival du PB86 en Pro A comme en Pro B se félicite tous les jours de son « investissement ». À l’époque (2008), le maire et président du BBD a mis 15M€ sur la table. « Aujourd’hui, c’est une Société d’économie mixte qui gère l’équipement. Le club de basket est résidant à l’année, mais le Palio accueille des spectacles comme ceux de Johnny, Christophe Maé, Yannick Noah… », abonde l’intéressé. Et le maire de tordre le cou à la rumeur selon laquelle la Ville mettrait, chaque année, 700 000€ d’argent public sur la table pour compenser les pertes d’exploitation. « C’est complètement faux ! On est aux alentours de 120 000€. Et en plus, la salle génère de vraies retombées économiques en restauration et hôtellerie. » Quoi qu’il en soit, le Palio fait rêver ici, notamment le PB86, trimbalé entre les Arènes et Saint-Eloi depuis quatre ans. Avec son lot de nuisances, mais aussi des coûts engendrés par le montage des tribunes au parc des expositions : 50 000€ l’opération, soit entre 800 000 et 1M€, en quatre saisons.

Depuis la Dordogne, on regarde les problèmes du rival sportif avec intérêt. « Avec le Palio, nos recettes de billetterie et auprès des partenaires ont explosé, témoigne Pierre Bonneau, manager général du BBD. L’engouement est réel. L’an passé en Pro A, nous étions la cinquième plus grosse affluence, avec 4600 spectateurs en moyenne. » Voilà pour la dimension sportive. Reste à savoir si Poitiers aurait la capacité d’accueillir des artistes de premier plan, même avec une salle de 6 000 places. « Aujourd’hui, la question ne se pose même pas » , admet Julien Lavergne, dirigeant d’AZ Prod. Le « tourneur » estime qu’il faut d’abord « connaître le potentiel d’habitants et la zone de chalandise » avant de se lancer dans un projet de construction. Et il ajoute : « C’est très compliqué d’avoir à la fois une salle sportive et culturelle

Pour la petite histoire, avant la construction des deux halls, l’ancien directeur adjoint du parc des expos de Tours avait conseillé à la Mairie de Poitiers de « transformer et réhabiliter les anciennes Arènes ». Sans suite. Mais il se murmure qu’une délégation de la Ville pourrait se rendre en Dordogne après les Municipales. Alors…

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