Auteur d'une première période énorme d'intensité et de réussite, qui a laissé le leader boulonnais à vingt-neuf longueurs (50-21), le PB a décroché la plus belle de ses neuf victoires de rang à domicile.
Avec une telle entame, ils ne pouvaient faillir. Avec une telle entame, ils n'ont pas failli. A quand faut-il remonter, dans les fidèles mémoires poitevines, pour trouver trace d'une première période aussi accomplie ?Le leader boulonnais, resté au port pendant dix minutes, avec un record de pénurie d'... un panier en 7'34'', s'en souviendra, lui, longtemps. Très longtemps même, tellement il fut martyrisé, ce soir, par un rouleau compresseur étonnant de puissance. Souchu intenable à longue distance, Greer et Guillard héroïques en défense, Fall implacable dans son entreprise de démolition du trio Peacock.-Cheriet-Mbida...Que du pain bénit pour des Arènes en fusion et un Ruddy Nelhomme sans doute épaté par tant d'insolence. Et dire que le grand bonhomme du début de saison, Laurence Ekperigin, était à côté de ses pompes. C'est mesurer l'ampleur de la performance de ce PB hors normes, capable de mettre cinquante pions en une mi-temps à une armada pourtant réputée pour son hermétisme et qui restait sur huit victoires au cours des dix derniers matches. Qu'écrire encore, dans cette ode au beau jeu et à la pleine réussite, sur capt'ain Souchu, éructant comme un volcan en éveil derrière la ligne de vérité (7 sur 10 au final), sinon qu'il fut le guide d'une meute affamée comme jamais. Seize points au total à la pause pour le « vieuxe grognard », vingt-neuf au gong. Chapeau mec !
Une lente agonie
Avec une telle entame, ils ne pouvaient faillir. Avec une telle entame, ils n'ont pas failli. Comment, d'ailleurs, aurait-il pu en être autrement, puisque l'euphorie ne déclina point à la reprise du second acte. Guillard, au four et moulin, se chargeait d'abord de transformer un missile longue distance. Ekperigin, lui, s'envolait pour son premier panier de la rencontre (57-21). +36 : une orgie, messieurs dames, une orgie. Les « ohé, ohé, allez Poitiers » descendant des travées traduisaient aussitôt l'état de lévitation d'une salle définitivement conquise. Mitchell avait beau faire de la résistance, les Boulonnais étaient totalement déboussolés. Germain Castano préférait même en rire et tailler le bout de gras avec M. Bissang. A plus de quatorze minutes du verdict, la messe était déjà dite ( 61-24). Que le jeune Pontens sonnât sa révolte personnelle ne changeait rien à l'affaire. Souchu, encore lui, mitraillait de plus belle derrière la ligne (65-35, 27e). Le reste, désormais, n'allait être que lente agonie pour des Nordistes inconsistants. Entre hauts (Thinon et Harley s'invitant à la fête) et bas (deux balles perdues par Greer), le PB capitalisait sans trembler pour filer vers sa neuvième victoire consécutive sur ses terres. La plus belle de toutes ! Un petit chef-d'oeuvre, quoi !
La fiche
Poitiers, salle des Arènes. 3461 spectateurs. Arbitrage de MM. Bissang et Benmerzouk. Mi-temps : 50-21. Evolution du score : 26-8, 24-13, 24-23, 21-24.
Pour le PB86 : Ingram (7), Greer (6), Souchu (29), Guillard (12), Ekperigin (6), puis Thinon (6), Harley (9), Fall (18), Joseph (2), Thomas. Entraîneur : Ruddy Nelhomme.
Pour Boulogne-sur-Mer : Akono (2), Tsagarakis (12), Mitchell (3), Peacock (9), Brun (14), puis Pontens (3), Sy (4), Var (4), Cheriet (12), Morovic (5), M'Bida, Entraîneur : Germain Castano.
Ils ont dit
Ruddy Nelhomme, entraîneur du PB 86 : « Je ne sais pas si c'est le match parfait, mais on n'en est pas loin. Etre capables d'afficher autant de sérieux face à une équipe aussi constante que Boulogne est un très bon signe. Il ne fallait pas tomber dans l'euphorie, car la machine pouvait très vite se gripper. Ce n'est pas arrivé et j'en suis fier. Je suis aussi heureux pour ce public, avec lequel nous avons envie de communier. Maintenant, la vérité d'un match n'est que rarement celle du lendemain. Mardi, Rouen va être remonté et il faudra faire face. »
Germain Castano, entraîneur de Boulogne-sur-Mer : « On s'est fait marcher dessus comme des minimes. On croyait être prêts et on ne l'était pas. C'est un peu comme quand vous sortez vous balader sans parapluie alors que l'orage menace. Ce soir, on a sombré collectivement et mon coaching était vain. Poitiers a une très belle équipe et nous a imposés une énorme intensité dès l'entame. Au-delà, je n'ai rien à redire ce soir. J'évoquerai ce non-match dans mon briefing mardi. J'espère que cette lourde défaite va remettre certaines têtes à l'endroit. »
Kevin Harley, arrière du PB 86 : « On se savait capables de jouer d'égal à égal avec le leader. Là, ça a été une vraie récitation. Tout le monde a versé dans la même euphorie. On a vu un vrai collectif. Je pense que ce résultat va nous faire craindre de nos futurs adversaires. Si nous commençons à faire peur, tant mieux. »
Jeff Greer, ailier du PB 86 : « On peut dire que c'était un match fou. Nous étions très très chauds en attaque à l'entame et super solides en défense. C'est le résultat d'une hypermotivation à défier le leader. Il était pourtant délicat de rester lucides avec une telle avance à la mi-temps. C'est là notre grande force ce soir, d'avoir su maintenir le cap et ne pas dilapider notre capital. Sans doute finissons-nous par apprendre de nos erreurs passées. »
Photo Seb Jaworowicz