Alain Claeys a levé un coin du voile sur son projet 2014-2020, s’il est réélu à la mairie de Poitiers en mars prochain. Dans un document de 89 pages, contenant 40 mesures, le maire consacre aussi quelques pages à… ce qu’il ne fera pas : les alliances d’entre deux tours, le téléphérique ou les transports gratuits.
Avec lui, la méthode de gouvernance compte presque autant que le contenu même des propositions. Alain Claeys avait prévenu en début de campagne qu’il ne raserait pas gratis. Pari tenu, puisque son projet, développé dans un fascicule tiré à 50 000 exemplaires, ne comporte aucune mesure spectaculaire, encore moins de projet pharaonique. « Je ne pense pas que ces quarante mesures soient l’essentiel, avance le candidat à sa réélection. L’essentiel pour nos concitoyens, c’est l’emploi. » Et pour « créer de la richesse » dans la ville, le candidat socialiste compte sur quatre «piliers» : l’Université, le CHU, le CNED et le CNDP ou encore les activités privées. Il cite volontiers Itron ou la Sagem comme des exemples à suivre.
Plus concrètement, Alain Claeys mise sur 150 hectares de nouvelles zones d’activités économiques pour générer l’équivalent de… 3000 emplois. Le chiffre n’est pas expliqué. Les biotechnologies et le numérique constitueront deux filières d’avenir sur lesquelles il compte appuyer sa politique économique. A signaler également la promesse de créer « un lieu mixte pour stimuler les innovations » économiques, sur la base des espaces de co-working naissants. Autres mesures à retenir sur le volet économique : l’arrêt de toute construction de mètres carrés commerciaux en périphérie et la recherche « de grandes enseignes capables d’accroître la zone de chalandise » de Poitiers.
Pas de complexe sportif et culturel
Au-delà du numérique -l’ouverture des données publiques est programmée d’ici 2020-, la deuxième proposition phare du candidat Claeys porte sur la transition énergétique. Il veut évidemment poursuivre le développement du Bus à haut niveau de service, encourager les modes de transports alternatifs, favoriser les livraisons vertes... Les bâtiments, la production d’énergie verte font aussi l’objet de propositions. Sur le volet « éducation », son autre «priorité», le maire sortant annonce un plan d’investissements de 40M€ dans les écoles de la ville.
Au rayon des équipements, les partisans d’un complexe multimodal capable d’accueillir événements sportifs et culturels en seront pour leurs frais. Alain Claeys met bien 30M€ sur la table, mais pour rénover les bâtiments de l’agglomération ou créer des city stades dans les quartiers. L’ancien trésorier du PS espère cependant accueillir davantage d’événements sportifs aux Arènes, comme des matchs de Fed Cup (tennis féminin) ou le championnat de France de patinage. La liste des projets de l’équipe sortante n’est pas exhaustive. Nous reviendrons sur chacune des thématiques dans les prochaines semaines.
Son « contrat citoyen »
Une fiscalité inchangée et pas de remise en cause des abattements
80 à 90M€ d’investissements par an, Ville et Agglo confondus
Un compte annuel du coût des services publics
Un indicateur de la transition énergétique
Des assises annuelles des comités ou conseils de quartiers
Ce qu’il ne fera pas…
Il ne s’épanche que rarement sur les projets de ses « concurrents » aux Municipales de mars prochain. Cependant, Alain Claeys n’a pas résisté au plaisir de glisser quelques lignes -six pages en fait- sur ce que lui-même et son équipe ne feront sous aucun prétexte. A commencer par une alliance entre les deux tours avec la liste conduite par Christian Fraysse. « Par cohérence et clarté », indique-t-il. Il n’y aura pas non plus de téléphérique à Poitiers (Eric Duboc, NPCP), même si le candidat reconnaît que « ce n’est pas une mauvaise idée en soi ». « Vouloir un téléphérique aujourd’hui, c’est se préoccuper d’acheter la cerise, alors même qu’il manque encore des ingrédients pour le gâteau »… On l’aura compris, il préfère largement poursuivre le déploiement du Bus à haut niveau de service, capable de « desservir les grandes zones d’emploi et d’habitation de l’agglomération ». Autre mesure phare proposée par la candidate UMP-UDI Jacqueline Daigre, les transports gratuits. « Les recettes de Vitalis s’élèvent aujourd’hui à 5M€. Si, demain le bus est gratuit, dans quelles poches les trouvera-t-on?», interroge le candidat. Même ironie à propos de la candidate UMP, accusée de «vouloir remettre des voitures place d’Armes et rue Magenta». « C’est (un) programme au parfum de restauration… » Enfin, last but not least, Alain Claeys règle (une nouvelle fois) ses comptes avec les défenseurs de l’ancien théâtre. Il évoque « au mieux un aveuglement nostalgique, au pire une méconnaissance des réalités financières des collectivités locales ». Les intéressés apprécieront !