Dure, dure la vie d'élu rural...

Ils sont maires de Nueil-sous-Faye, Leignes-sur-Fontaine et Monthoiron. Jean- Pierre Benoît, Bernard Mady et Alain Guimard font partie des édiles de l’ombre, davantage rompus aux complexités administratives qu’aux ors de la République. Un sacerdoce ? Réponses argumentées des uns et des autres.

Arnault Varanne

Le7.info

Etudes d’opinion à l’appui, le mandat de maire est celui que les Français plébiscitent. Sans doute parce qu’il implique la proximité. Sûrement parce qu’il permet des réalisations concrètes. Mais sur le terrain, on sent poindre comme un désenchantement. A l’image de Bernard Mady, vingt-cinq ans de mandat, dont seize de maire à Leignes-sur-Fontaine (580 âmes). À la surprise générale, il a choisi de passer la main en mars prochain. « J’aime ce que fais, reconnaît l’exploitant agricole de 59 ans. Maintenant, les lourdeurs administratives me fatiguent. On laisse certaines compétences à la communauté de communes, tout en étant obligés de gérer des problématiques de grandes agglomérations. On y perd notre identité. »

A Nueil-sous-Faye, petite commune du Nord-Vienne de 262 habitants, Jean-Pierre Benoît tient un discours identique. D’autant que lui n’avait pas choisi d’endosser le costume de premier magistrat. « Après la disparition d’Omer Diot, le 30 octobre 2010, je me suis retrouvé avec neuf voix en ma faveur. Je n’ai pas osé refuser ! » Seulement voilà, la solitude lui pèse, même si « la solidarité joue en milieu rural ». « Rendez-vous compte, j’ai une secrétaire à mi-temps et c’est tout… » Le retraité peste régulièrement contre l’administration. Dernier exemple en date, avec la mise en place du Document d’information communal sur les risques majeurs. « C’est d’une complexité… Je peux vous dire que lors de la tempête de juillet dernier, on ne s’est pas posé de question, tout le monde a écopé dans les maisons qui avaient pris l’eau. »

Un sentiment de solitude

Les 578€ net d’indemnités mensuelles ne le feront pas changer d’avis. En mars, il laissera sa place à un autre. Avec toutefois la satisfaction d’avoir « remis en marche un commerce à Nueil ». Ce nouveau lieu de vie fonctionne toujours et la commune a même gagné quelques habitants. N’empêche, le sentiment de solitude et d’impuissance des « petits maires » transparaît chaque jour un peu plus. « D’un côté, nous sommes en train de fabriquer des usines à gaz, avec beaucoup d’échelons. De l’autre, les centres de décision sont de plus en plus éloignés », appuie Bernard Mady.

De son côté, Alain Guimard file tranquillement vers son sixième mandat à Monthoiron, le cinquième en tant que maire. « Ma fonction ? Je la vis bien, même si nous, les maires ruraux, on ne nous écoute pas toujours. » Le vice-président en charge de l’Economie à l’Agglo châtelleraudaise craint les « réformes à venir, qui risquent de faire disparaître un peu la ruralité ». Et les candidats à la fonction « suprême », alors, qu’en pensent-ils ? Michel François, lui, est candidat à Dissay. Si les électeurs lui accordent leur confiance, l’actuel adjoint à la Citoyenneté, la Communication et les Grands projets succédera à Louis Remblier au printemps prochain. Et la solitude du « petit maire rural » ne l’inquiète pas outre mesure. « D’abord parce qu’au-delà de ma personne, j’ai la conviction de pouvoir compter sur une équipe motivée. Après, je suis chef d’entreprise et j’ai plutôt tendance à affronter les problèmes, y compris les plus complexes, qu’à les fuir. » Le dirigeant de l’agence de communication Vibrato reconnaît que la taille de « sa » commune (3 000 habitants) lui permettra de s’appuyer sur de nombreux agents, trente-deux exactement. « Mine de rien, c’est important de pouvoir compter sur des personnels compétents et réactifs… Je me mets à la place des maires de très petites communes. »

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