Juste Ingram de bonheur

Bien qu'en tête du début à la fin, le PB a dû batailler ferme pour se défaire d'un leader burgien accrocheur en diable. La décision est venue à une seconde de la sirène, sur un missile phénoménal de Justin Ingram.

Nicolas Boursier

Le7.info

Le rideau s'était levé sur une acclamation au néo-retraité Pape Badiane. Il est retombé sur une standing-ovation. Celle d'un peuple en fusion à l'adresse d'un PB une nouvelle fois convaincant sur ses terres de Saint-Eloi. Et d'un Justin Ingram héroïque sur une ultime action qui fera date.

Les oracles avaient prévenu que ce match serait difficile à aller chercher. Ils n'avaient pas prédit que l'entame serait à ce point souffreteuse. Certes animée par deux premières réussites longue distance de Guillard et Souchu (6-2), mais avant tout éclairée par trois pannes... d'éclairage. Une de plus et les arbitres -si, si- priaient les 2468 spectateurs du jour (deuxième meilleure affluence de l'année derrière PB-Evreux) de se replier vers... Lawson-Body. Imaginez le tableau !

Cette entame-là, donc, ne fut guère brillante, sans jeu de mot, se perdant dans des liaisons offensives approximatives et une apathie quasi générale. On jouait déjà la 14e minute lorsque, pour une raison qui échappe encore à toute explication, le kop poitevin fit une première fois assaut de décibels. Il n'en fallait pas plus pour piquer au vif Souchu, auteur d'un « trois points » démonstratif. 14 pions en une mi-temps pour le « vieux guerrier »'. Il y a longtemps qu'on ne l'avait pas vu à pareille fête.

Dans son sillage, c'est tout Poitiers qui passait alors la deuxième. A l'image de l'« alternatif » Mendy, lui aussi dans un bon soir. Frédéric Sarre répugnant à relancer Bassett, son meilleur atout, le PB lâchait du lest. Pour virer à la pause avec un petit matelas appréciable (41-35).

Mano a mano insoutenable

Appréciable, mais pas franchement confortable. Surtout lorsque les gars d'en-face restent sur dix victoires en douze rencontres. Darnauzan à la mène, Bassett dans son rôle préféré de dynamiteur, Booker à la conclusion... Et Bourg avait refait son retard (51-51).

C'en était sûr désormais : le leader ne donnerait pas sa part aux chiens. Pour lui enlever l'os de la gueule, il faudrait lui arracher les crocs. Fall avant la coupure du troisième quart, puis Greer à la reprise, faisaient alors face à leurs responsabilités. Ekerigin les imitait et le PB reprenait sa marche en avant (65-59). Insuffisant ! Booker mitraillait à son tour le cercle et Gaillou se faisait plaisir sur une balle perdue par Harley. Et voilà comment, à quatre minutes du verdict, les débats redevenaient sulfureux (68-67). Insoutenables même lorsque Bassett, revenu à de meilleures intentions après quelques mauvais choix offensifs, ramenait les siens à hauteur, d'un missile longue portée (70-70).

A vingt secondes de l'extra-time, Braud avait la balle du KO mais se heurtait au mur local. Il en restait quinze à Justin Ingram pour mener la dernière action du match. Puis dix... Puis cinq. Plus que deux... Le feu-follet US s'envolait alors au-delà de la ligne de vérité et déchirait le filet pour les trois points de la délivrance. Cela valait effectivement une standing-ovation.
 

La fiche
Poitiers, salle de Saint-Eloi. 2468 spectateurs. Arbitrage de MM. Lubienski et Laplace. Mi-temps : 41-35. Evolution du score : 15-19, 26-16, 18-22, 16-15
Pour le PB86 : Ingram (10), Greer (10), Souchu (19), Guillard (5), Ekperigin (9), puis Thinon (0), Harley (4), Fall (7), Mendy (11). Entraîneur : Ruddy Nelhomme.
Pour Bourg-en-Bresse : Darnauzan (10), Bassett (21), Booker (10), Flowers (7), Corre (2), puis Braud (2), Gaillou (6), Tanghe (2), Sanchez (4), Yango (8) Entraîneur : Frédéric Sarre.

 

Ils ont dit

Ruddy Nelhomme, entraîneur du PB 86 :
« C'est une victoire qui fait du bien et qui s'inscrit dans la lignée de ce que nous proposons, depuis quelques temps, à la maison. Elle est d'autant plus belle que Bourg est l'une des équipes favorites pour la montée. C'est complet et efficace. Je dois donc féliciter les gars d'avoir su maintenir cet impact physique sur toute la durée du match. Ce n'était pas gagné d'avance. »

Frédéric Sarre, entraîneur de Bourg: « On savait à quoi s'attendre en venant ici. Poitiers est sur une belle dynamique et lorgne, comme nous, le haut du panier. Nous avons sans doute manqué d'un peu de lucidité sur certaines phases offensives, mais je persiste à croire que ce match-là va nous servir. Nous finissons à 90 d'évaluation collective, contre 71 à Poitiers. C'est le signe que nous avons été consistants. Oui, je le dis, ce match, même s'il est perdu, fera référence. »

Karim Souchu, capitaine du PB 86 : « Bourg est la meilleure équipe que nous ayons rencontrées cette saison. Il a fallu se démultiplier et afficher une belle constance pour la battre. Ce match bascule sur une folie de Justin, comme il avait basculé en faveur de Bourg à l'aller. Justin, ces tirs-là, il les prend tous à l'entraînement. Je lui ai dit au temps mort qu'il serait pour lui. Quelle délivrance. »

Justin Ingram, meneur du PB 86 : « C'est le type d'action qu'on tente et qu'on retente à l'entraînement et le genre de panier qu'on rêve de marquer en match. J'ai pris mes responsabilités, tout simplement et suis fier d'apporter cette victoire que nous méritions. Bourg est une très belle équipe, une équipe de champions, comme la nôtre. Maintenant, j'espère que ce troisième succès d'affilée va augurer une longue série, car nous avons du retard à combler au classement. »

Photo Seb Jaworowicz

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