Aujourd'hui
Le conseil d’administration de l’université de Poitiers a rejeté, ce matin, le budget présenté par son président Yves Jean (14 voix contre, 12 voix pour, 2 abstentions). En cause, « <i>l’insuffisance des dotations ministérielles pour les universités et les incertitudes relatives à l’emploi</i>».
L’adoption du budget avait déjà été reportée une première fois, le 16 décembre dernier. En cause, la dotation de l’Etat plus faible que celle annoncée. Ce qui avait engendré un décalage comptable défavorable de 2,8M€.
Entre cette date et aujourd’hui, plusieurs événements ont incité le ministère de l’Enseignement supérieur à revoir sa position. Résultat : une dotation exceptionnelle de 605 085€ au titre de la masse salariale a été attribuée à l’université. L’Etat a aussi accepté d’absorber le surcoût lié à l’application de la loi Sauvadet sur la titularisation de trente-six personnes en 2013.
Bien que très techniques, ces informations ont permis au président de l’université de présenter un budget équilibré cet après-midi. Pour autant, le conseil d’administration a choisi de le rejeter symboliquement.
Les recommandations du recteur
Les ennuis de l’équipe présidentielle, élue en mars 2012, sont loin d’être terminés. La fameuse dotation exceptionnelle dédiée à la masse salariale porte bien son nom. Il y a très peu de chance qu’elle soit octroyée une seconde fois en 2014. Dans une lettre adressée à Yves Jean, le recteur d’académie Jacques Moret assure : « Il n’est pas envisageable d’inscrire cette aide dans les recettes prévues au titre de 2014. La reconduite éventuelle de cette mesure dépendra des marges du ministère en fin d’année 2014. » Autant dire qu’en période de vaches maigres… Le recteur se montre tout aussi sceptique sur le renouvellement de cette aide quand il indique : « Il faudra prendre toutes les mesures nécessaires pour revenir rapidement à un équilibre structurel pérenne du budget de l’université. »
L'Afep craint l'apparition d'une "université à deux vitesses"
Les trois représentants de l'Association fédérative des étudiants de Poitiers (Afep) au conseil d'administration de l'université de Poitiers ont voté contre le budget 2014 ce matin. Dans un communiqué, ils précisent leur position. Entre le 16 décembre et aujourd'hui, "des ajustements comptables ont été réalisés pour économiser les 3M€ manquants. Si certains sont louables tels que la centralisation des achats, l’Afep s’inquiète de voir que d’autres mesures d’économies viennent directement impacter l’équité entre les étudiants notamment par l’affaiblissement du budget des services communs de l’Université." Selon l'organisation étudiante, c’est ainsi une "université à deux vitesses qui se dessine, dans laquelle tous les étudiants, selon les moyens attribués à leur domaine d’études, n’auront pas accès aux mêmes services et opportunités."
Les syndicats de personnels dénoncent un "désengagement de l'Etat" (ajouté le 27/01/14)
Les organisations syndicales de l’université de Poitiers (UNSA, CGT, SUD et FSU) ont unanimement voté contre le budget : « Nous considérons que, comme dans la plupart des établissements, il entérine une situation budgétaire critique, induite par un désengagement financier de l'Etat. » Pour elles, cet acte symbolique constitue un « signal clair en direction du gouvernement. Jacques Moret, recteur d’académie et chancelier des universités, présent vendredi, a d'ailleurs été le témoin direct de notre analyse de la situation et du rappel de nos revendications. »
Représentant la FSU, Stéphane Vauclin a envoyé un email à tous les agent de l’université dans lequel il explique : « Le budget de l’enseignement supérieur est incompatible avec les objectifs déclarés par le Président de la République visant à faire de la jeunesse, de l’éducation et de la société de la connaissance une grande priorité nationale, incompatible avec les missions de service public des universités, incompatible avec un fonctionnement décent de notre institution, tant pour ses personnels que pour ses étudiants. » Il poursuit : « En laissant la situation des universités se détériorer inexorablement, pire, en ne tenant pas compte des avis de la communauté universitaire sur les dossiers qui la concerne directement, l’actuel gouvernement porte l’entière responsabilité d’une détérioration du climat social. » Une assemblée des personnels se déroulera début février. La date n’est pas encore connue.
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