Son combat pour l'orthographe

Directrice littéraire de la maison d’édition Narrative, Laure Tharel-Amouyallance des sessions de formation destinées à inculquer les bases de la langue française aux salariés et chefs d’entreprise. Face au niveau « inquiétant » de ses contemporains, elle en fait un enjeu de société.

Arnault Varanne

Le7.info

Pendant très longtemps, Laure Tharel-Amouyal a exercé le métier de consultante en gestion de stress. La voilà aujourd’hui « affolée » du niveau… d’orthographe des Français. « Plus on descend dans les générations, plus la moyenne baisse. Chez les jeunes, c’est une catastrophe ! » Ecrivain et directrice littéraire de la maison d’éditions Narrative, la Châtelleraudaise d’adoption a décidé de sonner la révolte. D’abord sous la forme d’un long article publié sur Le Huffington Post, qui s’est attiré beaucoup de commentaires.

Ensuite, avec le lancement de formations dédiées aux salariés et dirigeants. A l’en croire, ce véritable fléau affecterait la compétitivité des entreprises. « Les fautes de français ont des répercussions économiques. Elles jouent sur la crédibilité des sociétés et brident la créativité des salariés. On réduit au maximum ses messages et, à force, son potentiel intellectuel », théorise Laure Tharel-Amouyal. En 2011, une étude anglaise a démontré qu’une seule faute sur un site d’e-commerce pouvait diminuer ses ventes de moitié.

L’éditrice a ainsi créé des modules de remise à niveau en orthographe et grammaire, dont les premiers élèves seront un chef d’entreprise niortais et un directeur commercial de Buxerolles. En deux jours, elle n’a pas la prétention de les « transformer en champions de l’orthographe », mais de leur inculquer « un minimum de notions essentielles ». Les modules de formation d’Orthogramma -du nom du programme- ont été préparés avec des professeurs de français certifiés, « pendant plus de six mois ». Un test d’évaluation précédera chacun des cours individuels ou collectifs. Eh oui, signe des temps, le regard des autres sur son propre niveau de pratique de la langue crée
« des complexes ». Au point que certains « mauvais élèves » n’osent plus prendre la plume, de peur des railleries ou, pis encore, d’une forme de condescendance.

Les temps seraient-ils en train de changer ? En tout état de cause, le laxisme coupable de la société tout entière depuis un demi-siècle a peut-être vécu. « Certaines grandes écoles exigent désormais des candidats qu’ils fournissent la certification Voltaire », se réjouit Laure Tharvel-Amouyal. Son combat pour l’orthographe n’en a que plus de valeur !

Plus d’infos sur les formations et tarifs sur www.orthogramma.com ou au 09 75 61 88 86.

A l’AFC, retour de la dictée
Depuis Poitiers, l’AFC dispense des formations en alternance à un public d’adultes. Et ici, on ne badine pas avec l’orthographe. Au point que des cours de remise à niveau sont imposés aux stagiaires, avec des dictées à la clé. « Ce n’est pas vécu comme une sanction, ça passe très bien », assure Valérie Mousnier, la dirigeante du centre AFC de Saint-Benoît. Davantage qu’un caprice, l’organisme répond à une « demande forte des entreprises, notamment des centres d’appels ». « Ils sont très exigeants sur le niveau de français de leurs futurs salariés. »
L’armée aux premières loges
S’il existe un indicateur fiable du niveau d’orthographe des ados, c’est bien l’armée. Tous les jeunes de 17 ans sont obligés de se soumettre à la « Journée Défense et citoyenneté », laquelle comporte cinq épreuves de… français (identifier des mots, comprendre un texte…). Résultat, dans la Vienne, 10% des jeunes ont un profil de lecteur « à risques », c’est-à-dire avec un niveau de langue faible, voire inexistant. « La moitié d’entre eux sont proches de l’illettrisme, alors qu’ils sont 80% à être scolarisés », abonde Sylvain Fenoglio, chef du centre de service national de Poitiers.

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