Hier
Camille est juriste. Cédric conduit des machines. Tous les deux travaillent pour le chantier de la LGV Tours-Bordeaux. Ils font partie des 1300 personnes recrutées localement qui devront, une fois le chantier terminé, retrouver un travail.
Ils sont ingénieurs ou techniciens, conducteurs de travaux ou terrassiers… Plus de 1300 personnes, embauchées localement, travaillent pour le chantier de la LGV Tours-Bordeaux. Parmi eux, Cédric, 37 ans, chauffeur de tombereau, et Camille, 35 ans, juriste.
Tous deux ont des parcours très différents, mais partagent le même enthousiasme pour leur métier. « Moi, j’ai arrêté l’école en 4e, je n’ai même pas le brevet, déclare Cédric. Aujourd’hui, j’ai un salaire qui tombe tous les mois, je remplis mon frigo. Bref, j’ai le sourire ! »
Il y a sept ans, ce père de famille fuit la banlieue de Château-Thierry, dans l’Aisne. «Trafic de drogue, présence policière quasi inexistante, conflits permanents avec les «toxicos » de la cité… Je rêvais d’une vie meilleure pour ma femme et mon fils. » Il plaque son poste de foreur-mineur et s’installe dans la Vienne, près de Jaunay-Clan. « Je suis resté deux ans au chômage. J’ai fait des petits boulots, de l’intérim à la récolte des melons. Quand j’ai su que Coséa embauchait des conducteurs d’engins, j’ai sauté sur l’occasion. »
Camille, elle, a suivi un chemin moins sinueux. La jeune femme fait l’intégralité de ses études de Droit à Poitiers. Après l’obtention de son diplôme, elle rejoint la capitale, où elle exerce en tant que juriste pour une pépinière d’entreprises. « Plus tard, mon conjoint et moi-même avons eu besoin d’un retour aux sources. C’est comme ça que je me suis retrouvée dans le Poitou ! » En surfant sur un site d’offres d’emploi réservé aux cadres, Camille tombe sur l’annonce de Coséa. « Le job correspondait parfaitement à mon profil. C’était inespéré ! »
Un avenir incertain
Les deux salariés apportent leur pierre à l’élaboration de la ligne LGV. Cédric en soulevant des monticules de terre, Camille en rédigeant des rapports et en abreuvant de conseils les décideurs. « Mes journées ne sont jamais les mêmes, se réjouit la juriste. Financement, expropriation ou encore risques environnementaux, les dossiers ne manquent pas ! » L’ouvrier a, lui, appris à piloter une machine de près de quatre vingts tonnes. Pas question de faire le malin quand on est aux manettes d’un tel monstre. « Les règles de sécurité sont nombreuses et indispensables. Grâce à ce poste, j’ai appris à être à l’écoute, assidu, respectueux des codes. »
Cédric et Camille n’ont aucune idée de ce que l’avenir leur réserve. Ils ont signé un contrat à durée indéterminée de chantier. Autrement dit, ils restent tant qu’on a besoin d’eux. « Je suis prêt à partir sur d’autres chantiers, affirme le chauffeur de tombereau. C’est maintenant que je dois gagner de l’argent, pas quand je serai à la retraite. » Camille ne se pose même pas la question. « Je sais que j’ai la capacité de rebondir… chez Vinci ou ailleurs. Ce que je vis est une opportunité unique. Je suis dans l’instant présent. »
Coséa réfléchit d’ores et déjà au reclassement des salariés embauchés localement. Diverses pistes ont été étudiées pour que « personne ne soit lésé, une fois la construction achevée », précise le directeur des ressources humaines du projet, Érik Leleu. Certains suivront Vinci sur d’autres chantiers -« près de 50% des salariés sont prêts à se déplacer »- ou accèderont à des postes au sein du groupe. D’autres trouveront un emploi dans les TPE ou PME locales, en fonction des besoins en recrutement. Quelques dizaines de salariés pourront se former, afin d’accéder à un nouvel emploi sur le chantier. « Par exemple, les conducteurs d’engins pourront travailler à la pose de voie ferrée ou de caténaires. » Et enfin, beaucoup devront… se débrouiller. « Mais je ne suis pas inquiet, de nombreuses opportunités s’offriront à eux après un tel chantier. »
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