Le scénario parfait

Malmené jusqu’au milieu du quatrième quart-temps, le PB a trouvé les ressources nécessaires pour s’imposer, au finish, contre une belle équipe de Roanne (80-77). Les Arènes ne sont plus maudites.

Arnault Varanne

Le7.info

Il y tenait tant. Avant de s’envoler vers Portland, dimanche à 13 heures pour le Nike Hoop Summit, Evan Fournier avait surligné la date du 2 avril sur son agenda. Promis juré, il ne quitterait pas ses partenaires l’esprit agité et le cœur lourd d’une nouvelle défaite aux Arènes, avec la meute de poursuivants aux trousses (*). Alors, le titi parisien a pris ses responsabilités. Dans une fin de match aussi chaude que cette journée printanière, la pépite poitevine a ramené les siens en vie grâce à un tir à trois points venu d’ailleurs (75-75, 39e). Comme un symbole, c’est encore lui qui prit le dernier rebond synonyme de délivrance. Auparavant, il avait déjà piqué deux ballons face aux rase-mottes roannais.

Au-delà d’une feuille de stats très propre (14pts, 6 fautes provoquées, 5rbds, 16 d’évaluation), le porte-bonheur du PB (numéro 13) a prouvé qu’il savait désormais se transformer en clutch player. Il serait toutefois injuste de focaliser toute l’attention sur lui, tant Younger (15pts, 5rbds), Grant (15pts) ou encore Ona Embo (11pts, 6pds) ont payé de leur personne au cours de ce money-time haletant et irrespirable. Les Ricains de service ont fait le job -mis leurs lancers francs-, lorsque la situation l’exigeait. A l’inverse, la star supposée de la Chorale, Ricky Davis, a littéralement « bouffé la feuille », en prenant deux tirs longue distance dans les trente dernières secondes. Incompréhensible. De quoi irriter le bouillant Jean-Denys Choulet, au bord de l’apoplexie en zone mixte.

Coaching gagnant

Sans doute le coach roannais se posera-t-il longtemps cette question : comment son équipe a-t-elle pu laisser filer un match qu’elle a maîtrisé sur le bout des ongles jusqu’à la… trente-huitième minute. Jusque-là en effet, le massif Uche Nsonwu-Amadi et le faux-intérieur Ben Mc Cauley avaient effectué un travail de titan dans la raquette. Le premier en provoquant moult fautes (7), le second en s’écartant au-delà de la ligne des 6,75m. Avec son air de ne pas y toucher, Mc Cauley mit le PB au supplice dans le troisième quart. Ses trois tirs bonifiés firent enfler le score (38-51, 23e, puis 47-63, 28e) dans des proportions inquiétantes.

Mais il faut croire que, ce soir, le PB était d’attaque sur quarante minutes. Le fruit du turn-over imposé par Ruddy Nelhomme, qui n’hésita pas à aligner un cinq 100% français dès le deuxième acte ? On veut croire que oui. En dépit d’une arcade en berne, Yann Devéhat -deux apparitions dans le cinq majeur, deux victoires !- a, par exemple, contribué à la sortie prématurée de Nsonwu-Amadi (39e). Même si la feuille de stats ne transpire pas l’évidence, Gomez ou encore Costentin ont aussi pesé sur les débats. Sans parler évidemment de la rentrée de Fournier, à la place de Wright, au moment opportun. En basket comme ailleurs, rien ne sert de courir, il faut partir à point. Poitiers l'a appris à ses dépens face à Orléans et Villeurbanne. La leçon a été retenue.

(*) Vichy a gagné face à Pau 79-68, Limoges contre Paris 89-66. Au soir de cette 24e journée, Poitiers pointe à la 12e place du classement, juste devant Le Havre, Paris, Vichy et Limoges.

Photo Seb Jawo

La fiche technique
À Poitiers (Les Arènes), PB 86 bat Roanne 80-77. Mi-temps : 34-45. Arbitrage de MM. Mateus, Lepercq et Amrani. 4 200 spectateurs. Evolution du score : 15-16, 34-45, 53-64, 80-77. Exclusions : Nsonwu-Amadi (39e), Dunn (40e) pour Roanne.

La marque
PB86 : Fournier (14), Wright (3), Badiane (6), Costentin (3), Gomez (3), Younger (15), Guillard (4), Ona Embo (11), Devéhat (6), Grant (15), puis Gunn. Entraîneur : Ruddy Nelhomme.
Roanne : Downey (9), Nsonwu-Amadi (15), Diabaté (3), Amagou (11), Braud (7), Mc Cauley (15), Davis (11), Tanghe (2), Dunn (4), puis Mipoka. Entraîneur : Jean-Denys Choulet.

Les réactions
Ruddy Nelhomme (entraineur du PB 86) : « D’habitude, on fait trois bons quarts temps et, après, on craque. Ce soir, on a trouvé un élan qui nous a permis de revenir. On a usé certains points forts chez eux, comme Uche Nsonwu-Amadi. Peut-être que c’est ce scénario qu’il faut que nous copions pour jouer aux Arènes. On a eu ce facteur réussite qui est bien tombé, des petits rebonds, des shoots ouverts... Tant mieux pour nous. La guerre ou la bataille du maintien, je ne sais pas comment l’appeler, va être longue car Vichy et Limoges ont gagné. Il va falloir être concentrés jusqu’au bout et faire un sans-faute à Saint-Eloi. »

Yann Devéhat (pivot du PB 86) :
«Il fallait finir sur une note positive aux Arènes, c’est ce qui s’est passé. C’est d’autant plus positif que Limoges et Vichy ont gagné ce soir. A la fin, on a mieux contrôlé le rebond et la contre-attaque. Ils ont peut-être été moins adroits qu’en première mi-temps. On s’est moins focalisés sur les intérieurs, ça fait la différence. »

Evan Fournier (ailier du PB 86) : « J’ai apporté six points de suite en fin de match. On en avait besoin. En même temps, j’ai fait une première mi-temps très moyenne. J’ai essayé d’être agressif défensivement pour me mettre dans le match. Je sais que le maintien n’est pas encore gagné ce soir, mais je suis soulagé de partir à Portland sur cette victoire. »

Antonio Grant (ailier du PB 86) : « Nous savions que ce serait un gros match qui pourrait nous donner une chance pour le maintien. C’était le dernier ici et on avait à cœur de repartir avec la victoire. Moi ? Je me suis senti bien, normal… Tous les matchs sont différents. Ce soir, j’ai eu des ballons avec de bonnes situations. »

Jean-Denys Choulet (entraîneur de Roanne) : « C’est lamentable…Ce soir, presque tous les joueurs ont parfaitement appliqué les consignes : imposer notre jeu intérieur, ressortir les ballons. Tout a été bien fait. Même si la sortie d’Uche nous déstabilise un petit peu, on a encore largement de quoi gagner ce match. Après, il y a des choses que je ne peux pas expliquer. Je suis énervé, comme jamais je ne l’ai été cette saison, de voir que le mec avec le plus d’expérience (Ndlr : Ricky Davis), nous tue le match en trente secondes. Je suis Zorro, je veux sauver l’équipe. J’appelle cela une faute professionnelle. Mea culpa sur le recrutement. »
 

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