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Trois hommes, un coup fin et une mutinerie
Catégories : Société, Social, Solidarité Date : mercredi 30 mars 2011En obtenant deux postes de vice-présidents et des pouvoirs élargis, le groupe « Initiatives et Progrès », emmené par Francis Girault, sort vainqueur de l’après-cantonales au Département. Mais provoque aussi la zizanie dans la nouvelle majorité départementale. Récit d’une longue matinée d’élections.
Habituellement, elle s’exprime très peu en séance publique. Depuis trois ans, ses interventions se comptent sur les doigts de la main. Alors, lorsque Valérie Champion se saisit du micro peu avant midi, le silence se fait dans la salle des délibérations du conseil général. La conseillère générale du canton de Châtellerault-Nord se veut solennelle. «Je voudrais dire ici tout haut ce que certains de mes collègues pensent tout bas, démarre l’élue. Je souhaite être candidate à un poste de vice-présidente. Je n’admets pas que l’on attribue deux postes de vice-présidents au groupe Initiatives et progrès, (…) qui a fait du chantage.»
Ce coup de semonce en forme de mutinerie fait l’effet d’une bombe. Claude Bertaud, confortablement réélu à la tête du Département (21 voix contre 17) une heure plus tôt, demande illico une suspension de séance. Son fameux pacte de gouvernance, signé hier avec le trident Girault-Doury-Brunet, se fissure avant même sa mise en œuvre. À l’issue de quelques minutes de conciliabule, «L’Union pour la Vienne» -nouveau nom de l’exécutif- a tranché. Le doyen d’âge de l’assemblée, Arnaud Lepercq, renonce à l’une des onze vice-présidences en jeu lors de ce vote, au profit de Valérie Champion.
«Des egos demesurés»
L’interminable vote à bulletins secrets qui suit reflète les dissensions au sein du nouvel attelage improbable de l’exécutif. Contesté, l’ex-dissident Bernard Doury obtient une vice-présidence au prix d’un troisième tour à la majorité relative (19 pour, 19 blancs). Quant à la conseillère générale de Châtellerault-Nord, elle passe « aux forceps » selon sa propre expression. Et même pas satisfaite. «Je trouve dommage d’en être arrivée là aujourd’hui. Mais tout était ficelé d’avance et j’appelle cela un diktat. Ces messieurs ont des egos demesurés, lâche une Valérie Champion tout en… retenue. Je suis jeune (Ndlr : 43 ans), dynamique, motivée et j’ai le sentiment d’avoir fait ma place.»
De son côté, Francis Girault jubile. Après s’être mis au ban de l’exécutif pendant trois ans, le maire de Jaunay-Clan revient dans le jeu par la grande porte. Ses deux alliés vont disposer de pouvoirs importants (voir le nouvel organigramme ci-dessous). Lui-même aura un tête-à-tête hebdomadaire avec le président Bertaud et a obtenu «des échanges permanents en matière de recrutement des cadres», une co-gestion sur le budget, les investissements, une modération fiscale plafonnée à 2% par an, un droit de regard sur la communication à la presse ainsi qu’une place (symbolique) à la tribune. «Nous avons trouvé un code de bonne conduite et des transparence», résume le conseiller d’Etat. Le prix de la tranquillité pour Claude Bertaud et les siens. « Nous étions d’accords sur la totalité des projets, pourquoi continuer à travailler avec deux équipes séparées ?», interroge le patron du Département. Sa politique de la main tendue ne plaît visiblement pas à tout le monde.
Le nouvel exécutif départemental
Claude Bertaud, président.
Yves Gargouil, président délégué à l’agriculture et à la ruralité (nouveauté).
Bernard Doury, vice-président en charge du suivi des politiques et des moyens.
Bruno Belin, 1er vice-président chargé de l’action sociale, de l’enfance, de l’insertion, des personnes âgées, handicapées et de la politique de la santé.
Guillaume de Russé, vice-président en charge des finances, du budget et du parc du Futuroscope.
Valérie Champion, vice-présidente en charge de la commission d’appels d’offres et du patrimoine.
Henri Colin, vice-président en charge de l’éducation, des transports et de la LGV.
Maurice Ramblière, vice-président en charge de la culture et des sports.
Roland Debiais, vice-président en charge de l’appui aux territoires, du logement, de l’environnement, de l’eau et de l’agenda 21.
Hervé Vallet, vice-président en charge des routes.
Denis Brunet, vice-président en charge de la SEM patrimoniale, du développement de l’aire du Futuroscope, des grands projets, de l’aménagement numérique et de la coopération internationale.
André Sénécheau, vice-président en charge de l’économie, de l’emploi et de l’aéroport.
Dominique Réant, vice-président en charge du tourisme, de Center Parcs et des projets structurants.
Edouard Renaud, rapporteur général du budget.
À gauche, que va faire Gérard Barc ?
Les élus de gauche auront peut-être un nouveau chef de file dans une quinzaine de jours. Porte-drapeau du groupe d’opposition, Gérard Barc ne cache pas qu’ils pourrait lâcher les rênes. «On verra, je n’en sais rien aujourd’hui», se borne à dire le conseiller général du canton de Vouneuil-sur-Vienne. Ce matin, à l’occasion de l’élection du président du Conseil général -Gérard Barc avait présenté sa candidature, comme c’est l’usage- deux voix lui ont semble-t-il manqué pour faire le plein à gauche (15 pour, 2 votes blancs). Un signe de défiance à son endroit ? Réponse mi-avril.
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