La révolte des magistrats

Deux cents membres de « l’appareil judiciaire » poitevin (essentiellement des magistrats) se sont réunis, à 13h15, sur les marches du palais de justice de Poitiers. Ils y ont dénoncé la mise en cause, par le Président de la République, de leurs collègues nantais dans le meurtre de celle que les médias ont baptisé Laëtitia.

Romain Mudrak

Le7.info

François Casassus-Builhé, procureur adjoint et représentant du Syndicat de la magistrature, a lu une motion, adoptée lors d’une assemblée générale des magistrats qui s’est déroulée mardi. Il a ainsi regretté publiquement le manque de moyens financiers et humains accordés par le gouvernement au fonctionnement de la justice. Avant d’ajouter : « La responsabilité du Service pénitentiaire d’insertion et de probation (Spip) a été clairement engagée par Nicolas Sarkozy dans l’affaire de Nantes. A Poitiers, dix conseillers doivent actuellement gérer 1 064 mesures. »

 

Une poignée d’agents du Spip, des greffiers et des avocats ont rejoint le mouvement. « On ne connaît pas encore les responsabilités dans l’affaire de Nantes et Nicolas Sarkozy, qui doit être garant de l’indépendance de la justice, est le premier à mettre en cause le travail des magistrats. Ce n’est pas normal », estime le bâtonnier Philippe Gand.

 

La présence d’une poignée de policiers a été applaudie par les quelques observateurs présents devant le palais de justice. « Nous sommes des acteurs de l’appareil judiciaire à part entière. Nous devons donc être solidaires des magistrats. Le Président de la République pointe du doigt le travail des fonctionnaires sans leur donner les moyens de bien faire », explique le délégué du syndicat Unité-SGP-Police, Alain Pissard. Avant de conclure : « Entre 2008 et 2012, le gouvernement a prévu de supprimer 10 000 emplois de policiers. Le budget a diminué de 30%. Localement, nous ne sommes étonnamment pas encore concernés, mais cela pourrait venir. »

À lire aussi ...