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La récente fermeture administrative du Club Vault a ravivé les tensions entre les patrons d’établissements de nuit et les services de la préfecture. Deux autres bars poitevins sont aujourd’hui sur la sellette. La répression est-elle en train de décourager les professionnels de la vie nocturne ?
Signée en décembre 2009, la charte de la vie nocturne devait aplanir la situation entre le gérants d’établissements de nuit, la mairie et la préfecture. Un an plus tard, le statu quo semble être toujours de mise. La fermeture administrative du Club Vault est venue rappeler la délicate situation des patrons de bars et de discothèques. Comment gérer l’ivresse et ses effets indésirables ? « Il incombe aux gérants de discerner l’état d’ivresse de leurs clients », tranche Jean-Philippe Setbon, secrétaire général de la préfecture. « Il leur appartient d’être professionnels et de refuser de servir des personnes sous l’emprise de l’alcool, ajoute Jean-François Papineau, directeur départemental de la sécurité publique. Une personne saoule se reconnaît aisément à ses difficultés d’élocution, ses pertes d’équilibre... »
Du côté de Roland Croisé, cette identification n’est pas si simple. « Après trente ans de métier, je vous promets qu’il est parfois difficile d’identifier ces comportements », répond le président de la Confédération nationale des professionnels indépendants de l’hôtellerie (section cafés, bars et brasseries). Avant d’ajouter : « On ne peut pas faire souffler chaque client dans un éthylotest. »
Tolérance zéro
Le point de conflit entre professionnels et autorités administratives concerne, aujourd’hui, la gestion des individus ivres. Pour Jean-Philippe Setbon, « la majorité de ces personnes est ensuite amenée à avoir des comportements violents ou à commettre des dégradations ». Les mots sont forts. Mais le représentant de la préfecture les assume. «La tolérance zéro est de mise, argumente-t-il. Je rappelle que la loi interdit l’état d’ivresse sur la voie publique. Les professionnels ont le devoir d’être intransigeants sur la vente d’alcool. Le problème à Poitiers, c’est qu’il y a deux catégories de bars: ceux qui font des efforts pour les éviter et les laxistes. »
Reste que les sanctions administratives et les rappels à la loi se sont accumulés ces dernières années. La préfecture assure ne pas faire de zèle. « Nous veillons juste à maintenir l’ordre public », confirme le secrétaire général de la préfecture. De leur côté, les patrons de bars font profil bas. Ne pas se faire remarquer, tel est leur mot d’ordre.
« Nous avons été victimes de l’interdiction de fumer, entonne Roland Croisé. Le bruit dans les rues est maintenant plus important. Une autre conséquence de cette loi, c’est que les gens boivent avant de venir dans les bars. On ne peut pas nous rejeter l’entière responsabilité des problèmes liés à l’alcool. » Quelles solutions ? « Permettre à certains établissements d’autoriser la cigarette à l’intérieur de leurs bars après 22h », conclut le cafetier. Est-ce que cela suffira à ramener un peu de sérénité au sein d’une vie nocturne visiblement agitée ? Rien n’est moins sûr.
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