Le vent de la contestation souffle encore

Dix mois après le passage de la tempête meurtrière Xynthia, les Poitevins propriétaires de résidences secondaires sur le littoral vivent des situations contrastées. Entre plaies béantes et bataille administrative. Décryptage.

Antoine Decourt

Le7.info

Le Père Noël est passé plus tôt chez Pierre Métais. Le 21 décembre, cet habitant de Naintré a officiellement signé l’acte de vente de sa résidence de La Faute-sur-Mer (Vendée). L’aboutissement d’un véritable « parcours du combattant » sur fond de drame humain. Pour mémoire, Xynthia a emporté vingt-neuf personnes dans la désormais célèbre «cuvette de la mort» vendéenne. « Le 22 juillet, j’avais donné mon accord pour que ma maison soit rachetée par l’Etat. À l’époque, la direction des Finances m’avait indiqué par courrier que je serais indemnisé dans les trois  mois. À l’issue de ce délai, les fonds n’étaient toujours pas débloqués.»

Six mois plus tard, cette promesse est en passe d’être tenue. Dans la foulée du 27 février 2010, les services de l’Etat avaient pourtant agi vite. Notamment en décrétant une « zone de solidarité » dans laquelle 823 biens en Vendée et 431 en Charente-Maritime étaient déclarés « d’utilité publique » (*). Dans le même cas que Pierre Métais, Jeanne Marrand a accepté sans rechigner l’offre de rachat de l’Etat. « Avec mon mari, notre décision a été directe, explique la Vouneuilloise. Nous avons immédiatement accepté de céder notre résidence secondaire. Je ne voulais pas que  mes enfants et petits-enfants dorment, une nuit de plus, dans cette maison.» En termes de tracas administratifs, Jeanne Marrand évoque simplement un différend avec sa compagnie d’assurance. «Nous avons été lésés… »

« Dissocier les territoires »


En Charente-Maritime, la situation est plus contrastée. On conteste surtout le périmètre de la fameuse « zone de  solidarité ». Au nom du principe de précaution, « toutes les maisons inondées ont été mises dans le même panier », dénonce Alain Grinda. Le porteparole de l’association « Vivre à Fouras » aurait aimé qu’on « prenne le temps de  dissocier les territoires ». À la pointe de la Fumée (Île d’Oléron), par exemple, Xynthia n’a fait aucune victime. « Il n’y a même eu aucun blessé », ajoute le postier châtelleraudais. En filigrane, il dénonce, comme les riverains, la volonté «aveugle» d’expropriation de l’Etat.

Peut-être la visite, mi-décembre, sur les lieux du drame, de Nathalie Kosciusko-Morizet aura-t-elle apaisé les esprits. La nouvelle ministre de l’Ecologie et du Développement durable a annoncé que «de nouvelles études seraient réalisées pour réduire significativement la zone de solidarité ».

Entre satisfaction et méfiance, le coeur d’Alain Grinda balance. Comme les autres Poitevins touchés par Xynthia, le navigateur souhaiterait maintenant que la tempête politico-administrative s’estompe définitivement. Ne serait-ce qu’en mémoire des 47 victimes de la catastrophe.

À lire aussi ...