Aujourd'hui
"Cette découverte est valorisante pour le Gabon"
Catégories : Education, Université Date : mercredi 05 juin 2013Le scientifique poitevin du laboratoire Hydrasa, Abderrazak El Albani, a présenté cet après-midi, à la Maison des étudiants, le documentaire qui retrace son aventure. Lui et son équipe ont découvert, en 2008, le plus vieil organisme pluricellulaire, remontant les origines de la vie sur Terre à 2,1 milliards d'années. L'ambassadeur du Gabon, où ont été découverts les fossiles, ainsi que le conseiller spécial du président étaient présents. Ce dernier, Patrick Mouguiama Daouda, explique l'intérêt de cette découverte pour son pays.
Avez-vous souvent affaires à des chercheurs étrangers qui viennent solliciter votre autorisation explorer le sous-sol du Gabon?
"L'initiative d'Abderrazak El Albani est assez originale. Les ressources de notre sous-sol intéressent davantage les prospecteurs pour des raisons économiques. Le Gabon a un intérêt scientifique multiforme. En ce moment, les scientifiques nous sollicitent particulièrement pour étudier la biodiversité du pays qui est relativement bien préservée."
Depuis la découverte des chercheurs poitevins, le Gabon a pris une dimension supplémentaire. Ce pays est devenu le berceau du premier organisme multicellulaire. Comment le percevez-vous?
"Le Gabon est un petit pays plutôt méconnu. Qu'il ait joué un rôle sur le théâtre de la vie est un point très important et très valorisant pour nous. En collaboration avec la France, nous comptons ouvrir un musée d'histoire naturelle au Gabon. La transmission du savoir est primordiale pour nous. Nous avons beaucoup apprécié qu'Abderrazak El Albani intègre trois doctorants gabonais dans son équipe."
La carrière de Franceville où ont été trouvés les fossiles est-elle menacée ? Est-il compliqué de sécuriser un tel site ?
"Franceville a été inscrite sur la liste des parcs nationaux protégés. Je ne peux pas écarter l'hypothèse que des fossiles aient été volés pour être revendus, car le site est très grand. Mais l'Agence chargée de sa protection est un organisme très bien structuré. Concernant d'éventuelles pressions provenant d'individus qui désireraient exploiter le sous-sol de cette carrière, je tiens à assurer que la volonté de l'Etat est forte. Il a privilégié les enjeux scientifiques à l'intérêt économique. Cela ne changera pas."
En marge de la projection, une poignée de militants des droits de l'Homme s'est réunie devant la Maison des étudiants pour dénoncer la venue de l'ambassadeur du Gabon à Poitiers : "Les reproches des ONG à l'égard du président gabonais Ali Bongo sont très nombreux: répression à balles réelles, passages à tabac, étudiants gazés, élections discutables..., explique l'un des manifestants. Nous ne faisons pas de confusion des genres. Cette découverte est importante pour la science, mais nous ne pouvons accepter qu'un proche représentant du président gabonais soit invité par l'université de Poitiers." Les manifestants ont déployé une banderole pour alerter dans le calme les spectateurs.
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