
Aujourd'hui
Le bâtiment se transforme doucement le long de l’autoroute A10, à Rouillé. Depuis l’été 2023, l’ancienne caserne du peloton motorisé de gendarmerie a un nouveau destin : devenir un local de rétention administrative (LRA). Fin des travaux ? Début 2025. Enfin… « Ils ont pris beaucoup de retard à cause de contraintes budgétaires. L’idée, c’est une livraison cet été », indiquent les services de la préfecture de la Vienne. La décision de créer ce local a été prise en 2022, dans le cadre d’un plan national visant à porter à 174 places la capacité d’accueil en LRA en 2025. Un LRA accueille des personnes en attente d’expulsion.
« Le projet n’a pas été initié par la municipalité, c’est la préfecture qui nous a informés », clarifie le maire de Rouillé. Jean-Luc Soulard aurait préféré réhabiliter la gendarmerie pour les besoins de sa commune. « Par la suite, cela s’est concrétisé puisqu’ils ont lancé les travaux. J’ai contacté la préfecture pour qu’elle m’explique ce qu’est un LRA et faire le distinguo avec un CRA (Centre de rétention administrative). » « Six places », « uniquement des hommes », « pour une période allant jusqu’à quatre jours »... La description du lieu faite par la préfecture rassure le maire de la commune qui n’a « jamais senti d’inquiétude de la part des habitants ».
Mais s’il n’inquiète pas forcément les Rullicois, le futur LRA suscite des manifestations régulièrement organisées notamment par la Cimade. « Ni ici, ni ailleurs. » Le slogan de l’association pour les droits des migrants est clair : c’est le concept qui pose problème, pas la localisation. « Dans un LRA, ce n’est pas de la détention mais de la rétention. Cela se fait donc sans décision de justice. Des personnes y sont enfermées uniquement car elles n’ont pas de papiers. On est en train de les criminaliser alors qu’elles n’ont commis aucun délit, déplore Mélanie Landrevie, membre de la Cimade. Les LRA sont également moins transparents que les CRA. Il n’y a aucune visite, pas de médecin… Nous ne savons pas ce qu’il s’y passe, ni comment sont traités les gens enfermés. Rouillé a déjà hébergé un centre de rétention pendant la Seconde Guerre mondiale. On se demande si ce n’est pas une mauvaise blague… » Prochaine manifestation le 5 avril par le biais d’une balade à vélo revendicative. « La mobilisation n’en est qu’à ses débuts, on sait que la lutte va être longue. L’objectif est qu’il n’ouvre pas mais on n’est pas dupes. Nous voulons au moins informer les gens de ce qui se passe à côté de chez eux. »
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