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L’Ordre des infirmiers picto-charentais est à l’origine de la plainte déposée contre la dernière campagne publicitaire de recrutement du CHU. Discret, l’organisme est la voix de la profession malgré des rangs étrangement clairsemés.
Jusqu’à présent, le Conseil interdépartemental de l’Ordre des infirmiers était plutôt discret dans la Vienne. La campagne publicitaire de recrutement lancée en juin par le CHU sous la forme d’affiches l’a fait sortir de son silence médiatique. Dénonçant une représentation « sexiste et datée » de la profession d’infirmière, il a saisi l’Autorité de régulation professionnelle de la publicité. En début de semaine dernière, le Jury de déontologie publicitaire (JDP) a donné raison au CHU et reconnu « la prise de distance introduite par la locution mise en exergue
« les temps changent » ». Christian Trianneau, le président de l’Ordre des infirmiers picto-charentais, maintient toutefois que les affiches incriminées contrevenaient au Code de déontologie des infirmiers. Le cadre de santé au CHU préfère retenir cette nuance émise par le JDP : « La représentation de situations stéréotypées traduisant une forme de supériorité masculine et une subordination de l’infirmier au médecin a pu choquer certains professionnels de santé, situation regrettable dans un contexte (…) de difficultés de recrutement ou de fidélisation liées à la question de l’attractivité de ces professions. »
La promotion de la profession est de fait au cœur des prérogatives de l’Ordre des infirmiers, qui se trouve depuis juillet confronté à une autre problématique.
Infirmiers en baisse
« Nous avons toujours cru qu’il y avait autour de 750 000 infirmiers en France. Or, selon une récente évaluation de la Drees (ndlr, Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques), la population infirmière serait de 637 000. » Où sont passés les 113 000 infirmiers manquant à l’appel ? Ils se sont perdus dans les méandres du répertoire Adeli, selon Christian Trianneau. De plus, bien que l’inscription à l’Ordre soit obligatoire, beaucoup de professionnels passent sous les radars, notamment dans le secteur public. « Chaque agent a reçu un courrier l’informant de la nécessité d’être inscrit, se défend le CHU. Lors de la dernière transmission de la liste des infirmiers en juillet 2021, l’établissement enregistrait 1 261 infirmiers inscrits sur 2 115, soit 60%. » Dans la Vienne, 3 150 infirmiers sont inscrits. Combien sont-ils réellement à exercer ?
Le flou qui entoure ces chiffres a notamment une incidence « sur l’évaluation du nombre nécessaire d’étudiants infirmiers », dénonce Christian Trianneau et, par ricochet, sur les effectifs d’infirmiers disponibles. En décembre, malgré 56 recrutements cet été, le nombre de postes vacants au CHU devrait être de 140… « Les demandes de disponibilité et de démission montent crescendo, constate Sandrine Bouichou, de la Coordination nationale interprofessionnelle. On ne sait pas si l’augmentation à l’aveugle des effectifs dans les instituts de formation va être suffisant et, de toute façon, il faut compter trois ans d’études… »
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