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Dans la Vienne, les patients ont parfois du mal à trouver un moyen de transport sanitaire pour se rendre à leur consultation. En cause, des horaires peu flexibles et des taxis pas vraiment incités à accepter ce genre de missions.
Le petit Léo(*), 6 ans, doit se rendre deux fois par semaine à l’hôpital de jour du centre Henri-Laborit. Mais à chaque fois, c’est la même histoire, impossible de trouver un taxi pour sa maman et lui. Pourtant, il dispose d’une prescription de transport médical signée du médecin. « Quand j’appelle, on me dit que tout est complet ou que ce n’est pas possible aux horaires que je souhaite, raconte Chantal(*), la maman. L’assistante sociale qui nous accompagne essaie aussi mais elle ne trouve pas de solution. » Résultat, mère et fils partent plus tôt du quartier de Beaulieu, à Poitiers, pour prendre le bus. Ce qui n’est pas toujours idéal selon l’état de santé du petit bonhomme. Les services sociaux concernés confirment que cette famille n’est pas la seule à rencontrer ce genre de difficulté.
Alors comment expliquer cette situation ? Dans la Vienne, 139 taxis sont conventionnés par la Caisse primaire d’assurance maladie (CPAM) pour effectuer ces missions. Evidemment, l’heure des consultations et des sorties des grands établissements hospitaliers de Poitiers et Châtellerault, souvent la même pour tout le monde, crée en quelque sorte des goulots d’étranglement. Une première solution pourrait être à rechercher de ce côté-là. Mais ce n’est pas tout. « Les artisans taxis sont moyennement bien organisés », avance la directrice de la CPAM86. Citant l’exemple de la Vendée, Marilyne Lambert incite les acteurs du transport sanitaire à se regrouper autour d’une plateforme qui gèrerait les appels entrants et permettrait, par exemple, de mutualiser les courses, car c’est autorisé.
Le temps, c’est de l’argent
Pour l’instant, ce modèle existe en région mais uniquement pour les commandes provenant des établissements de soins. Les patients ne peuvent pas l’appeler en direct. La raison ? « On aurait besoin d’être sûr que la prescription existe et qu’elle est conforme avant de lancer la mission », explique Christian Menzato, ambulancier à Saint-Maixent et coordonnateur de ce dispositif. Peut-être une autre piste pour l’avenir.
Le tarif des courses sur prescription médicale est contesté par une partie de la profession. Surtout par les taxis « urbains ». « En ville, l’offre de travail est suffisante pour qu’ils puissent se passer des transports conventionnés, souligne Laurent Bouffard, président de l’Union des taxis indépendants de la Vienne. Alors quand on leur parle d’un taux de remise automatique de 12 à 16% appliqué par les organismes d’assurance maladie, ils ne sont pas intéressés. » Dans Poitiers, les taxis bénéficient également d’un forfait de 20€ mais sous certaines conditions aussi contestées. Enfin, la CPAM a imposé un minimum de douze transports de patients par an pour garder sa convention, histoire d’assurer un service minimum. Ce qui ne plaît pas non plus à tout le monde. Ces clauses seront renégociées fin 2023. Conventions, tarifs et remboursements sont précisés sur le site ameli.fr. Plus globalement, les taxis sont souvent confrontés à des temps d’attente non rémunérés. « Il nous arrive d’aller chercher les patients dans les étages, les papiers ne sont pas prêts, il faut redescendre prendre un fauteuil… Or, quelque soit le temps passé, on est payé pareil », témoigne un autre artisan taxi. Dans ces conditions, difficile de les inciter à accepter ces missions.
(*) Les prénoms ont été modifiés.
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