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L’opération de transparence menée par le groupe Orpéa, dans la tourmente depuis plusieurs mois, met en lumière la crise de l’attractivité des métiers du grand âge. Les Assises du bien-vieillir organisées à Poitiers ont permis d’avancer des solutions.
« Réinventer l’Ehpad de demain. » C’est l’objectif ambitieux que s’est fixé le groupe Orpéa en organisant ses « états généraux ». La publication, en janvier, du livre Les Fossoyeurs de Victor Castanet a contraint les gestionnaires de maisons de retraite à revoir leur modèle. A Saint-Benoît, la résidence Les Jardins de Camille a invité résidents, familles et personnels début juin pour « réunir les idées » et « améliorer le service ».
Nourriture de « mauvaise qualité », Wifi absent, manque de liberté de mouvement et de communication avec les familles, en cas de rendez-vous médical raté par exemple… Les récriminations ne se sont pas fait attendre. Le niveau de propreté a également été dénoncé par plusieurs proches de résidents. Ce à quoi la directrice de l’établissement Elodie D’Angio a répondu par la création, en mai, d’un poste de référente sur la partie hébergement.
Toutefois, le débat s’est vite concentré sur « le nombre insuffisant de personnels » et les faibles interactions qui en découlent au quotidien. « Chaque matin, je surveille la porte avec angoisse, dans l’attente de découvrir mon soignant du jour, raconte une patiente visiblement émue. Si je ne le connais pas, alors on ne pourra pas parler, partager un petit moment. » L’équipe en place « super », « bienveillante » n’est pas en cause. Le problème viendrait plutôt d’un système inadapté dans lequel le manque de personnel engendre de mauvaises pratiques, qui ternissent l’image du métier et donc son attractivité. Un véritable cercle vicieux. La résidence des Jardins de Camille emploie 60 à 65 personnes (48 équivalents temps plein) et, selon sa directrice, « tous les recrutements sont compliqués, comme les remplacements d’ailleurs ».
« On a l’impression de les maltraiter »
« On ne peut pas s’attarder avec les patients qui veulent simplement discuter, confirme une aide-soignante. On a l’impression de les maltraiter. » Or, c’est l’essence même du métier. « Discuter, prendre le temps, c’est justement ce qui donne envie aux personnels de faire ce métier, souligne Michel Laforcade. Certains sont le rayon de soleil de la journée des résidents. » L’ancien directeur de l’Agence régionale de santé (ARS) de Nouvelle-Aquitaine est l’auteur d’un rapport ministériel sur l’attractivité des métiers du grand âge. Début juin, lors des Assises du bien-vieillir organisées à Poitiers, il était invité à proposer des solutions pour « réagir avant le chaos ». « La hausse récente des rémunérations a été considérée comme un simple rattrapage, elle ne suffit pas à rendre ces métiers attractifs », a d’abord estimé l’intéressé qui plaide pour aller plus loin et mise sur l’apprentissage. Mutualiser les bonnes pratiques et créer des passerelles avec l’aide à domicile font partie des pistes à travailler. Actuellement, les Ehpad n’ont pas la main sur le nombre de soignants employés. Les ARS fixent des dotations. Le moment est peut-être venu de faire évoluer ce système. A moins que les établissements recrutent sur leurs fonds propres davantage de personnels sans qualification médicale pour privilégier les relations humaines aux logiques de productivité.
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