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Le Dr Sarah Thévenot est à la tête de l’Equipe opérationnelle d’hygiène du CHU de Poitiers, avec un rôle évidemment accru depuis le début de la crise sanitaire. Ce que confirme la cadre de santé du service, Frédérique Scotto.
Qu’est-ce qui a fondamentalement changé à l’hôpital depuis mars 2020 ?
Sarah Thévenot : « Cette crise laissera évidemment plein de traces. Pendant la première vague, on a dû préparer les équipes soignantes à un risque virtuel puisque nous avons eu peu de cas. Mais les recommandations changeaient sans arrêt et il a fallu s’adapter dans l’urgence. Nous avons abandonné notre activité habituelle pour nous consacrer à la gestion de la Covid. »
Frédérique Scotto : « L’épidémie a permis de mettre en exergue l’importance de gestes tout bêtes, comme se laver les mains... C’est quelque chose que nous rabâchons depuis des années. Des précautions standard empêchent la transmission de la plupart des micro-organismes. »
Quelles traces laissera cette crise sanitaire selon vous ?
S.T. : « On a progressé à l’intérieur des établissements, où on utilise tout de même des solutions hydroalcooliques depuis vingt ans. La crise n’a fait que renforcer l’usage. A l’extérieur, il faudra peut-être laisser des distributeurs de solution à l’entrée des magasins. Même chose pour le port du masque. Il faut espérer que demain, si on a un rhume ou que l’on se sent fébrile, on osera mettre un masque. »
F.S. : « De mon point de vue, les soignants auront davantage cette sensibilité auprès de leurs patients. »
Justement, êtes-vous inquiètes de la levée de la plupart des mesures sanitaires ?
S.T. : « Avec ce virus, on n’a pas une pathogénicité qui nécessiterait de laisser en place toutes les mesures tout le temps. Mais on se dit que c’est un peu tôt au regard de l’incidence. La semaine dernière, il y avait encore 70 000 cas par jour, ce n’est pas négligeable. L’arrêt du port du masque peut apparaître comme la fin de l’épidémie, avec un relâchement des comportements, moins de dépistages, de lavage de mains... »
Existe-t-il une manière particulière de faire passer les messages ?
F.S. : « Les consignes s’appliquent d’abord grâce à la pédagogie, il ne suffit pas d’imposer des règles aux soignants. Le fait d’être toujours sur le terrain à leurs côtés facilite les choses. »
S.T. : « Ça se passe bien quand on prend le temps d’échanger avec les équipes. Sur les tenues de protection, par exemple, on a écouté le terrain. Il ne faut jamais se positionner en donneur de leçons. »
Comment concilier hygiène maximale et développement durable ?
S.T. : « Rien que sur les tenues de protection, on utilise énormément d’équipements à usage unique. Mais les pénuries auxquelles on a dû faire face nous ont obligés à réfléchir à des alternatives. On essaie de travailler aujourd’hui avec des surblouses en tissu que l’on retraite. De la même manière, il n’y aucun intérêt à désinfecter les sols d’une chambre d’Ehpad ou de maternité tous les jours. Le nettoyeur vapeur peut suffire. »
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