Avec sa pièce Ici le temps se déroule…, la compagnie poitevine Mash-up propose une adaptation déjantée du Roi Lear de Shakespeare. A découvrir ce mercredi soir au centre-socio-culturel de La Blaiserie, à Poitiers.
Ici le temps se déroule comme un joli papier-peint avec des petits sapins dessus. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le nom de la dernière-née des créations de la compagnie poitevine Mash-up intrigue. Dans les programmes, elle se termine le plus souvent en points de suspension. Ô spectateur suspends ton souffle… Selon Angélique Orvain, ce titre à rallonge n’est pas qu’un effet de mots. Il trouve un véritable écho dans la version décalée du Roi Lear de Shakespeare qui sera proposée ce mercredi soir au centre socioculturel de La Blaiserie, à Poitiers, après une première à La Quintaine, à Chasseneuil fin septembre. « C’est une création très ambitieuse », lâche la directrice artistique de la troupe poitevine. Depuis sa création en janvier 2016, la compagnie n’a eu de cesse, hier dans Zaï Zaï Zaï Zaï, aujourd’hui dans d’Ici le temps se déroule…, d’emmener le théâtre jusqu’aux confins du réel pour susciter « un nouveau rapport au spectateur ».
Interprété par cinq comédiens, sous la direction de Pierre Bedouet, et mis en images et en lumières par trois techniciens, Ici le papier se déroule… est le premier spectacle d’une trilogie shakespearienne dont le deuxième volet sera une adaptation de Richard III.
Sortir du cadre
« Je traînais autour de Shakespeare… En relisant Le Roi Lear, j’y ai vu quelque chose de l’ordre du conte et un rapport philosophique à la nature, au pouvoir… Shakespeare est extrêmement contemporain, j’adore son rapport au verbe, la densité de propos et d’actions de ses pièces. Il amène une réflexion politique et philosophique à l’intérieur de la fiction. » A cette inspiration shakespearienne, Angélique Orvain a ajouté sa touche personnelle, « une réécriture du texte dans une langue particulière, en lien avec un dispositif vidéo à la Méliès pour avoir un effet magique, résume-t-elle. Je veux que mes spectacles soient le lieu de grandes noces. »
Une imposante cheminée, un écran, un personnage en rébellion, Cordelia, incarné par une comédienne en dissidence… Du théâtre au-delà du théâtre, ou « comment on sort du cadre, comment on passe de la révolte individuelle à la révolution » avec, pour finir, LA question :
« Est-ce que l’on peut changer le cours de l’histoire ? » Le tout dans une esthétique qui mêle baroque et vidéo-live… « Je veux créer de la poésie dans le réel, précise la directrice artistique, raconter une histoire qui marque le spectateur et l’amène à une réflexion. Quand on parle de contemporain, cela passe surtout par la proposition de thématiques contemporaines, qui résonnent avec l’actualité »,
souligne-t-elle, immergée dans ce théâtre dès sa sortie du conservatoire d’art dramatique, au sein du Théâtre des agités de Jean-Pierre Berthomier.
Ici le temps se déroule comme un joli papier-peint avec des petits sapins dessus, par la Cie Mash-up, le 8 décembre à 20h30, au centre socio-culturel de La Blaiserie, à Poitiers.