La danse les révèle

A Corps, ça démarre aujourd'hui au Théâtre-auditorium de Poitiers. A chaque nouvelle édition, le festival de danse réunit des étudiants de l’université autour d’un projet chorégraphique présenté au public et aux professionnels sur la scène de l’auditorium. Présentation.

Steve Henot

Le7.info

Cette fois, c’est la bonne pour 22 Castors front contre front. Cette pièce chorégraphique va enfin pouvoir être présentée au Tap, ce jeudi, dans le cadre du festival A Corps (pour le public, la performance est filmée et diffusée en ligne). Initialement, elle aurait dû l’être l’année dernière, mais la pandémie de Covid-19 avait eu raison de l’édition 2020. Le spectacle a échappé de justesse au reconfinement et a pu être joué le 20 octobre sur la scène nationale d’Orléans… Sa seule représentation publique depuis 2019 !

Cette œuvre dénote dans la programmation 2021 d’A Corps. D’abord parce qu’elle est la fusion de trois pièces courtes, issues de quatre chorégraphes(*) et présentées lors des éditions 2016, 2017 et 2018 du festival. Mais aussi parce qu’elle est interprétée par vingt-deux anciens élèves de l’université de Poitiers, passés par l’Atelier de recherche chorégraphique dirigé par Isabelle Lamothe. Chaque année, cet Atelier offre à des étudiants l’opportunité de travailler avec des chorégraphes de renom et de se produire sur une scène nationale, lors du festival, devant et parmi des professionnels. « Cela participe à la réussite plurielle de nos étudiants, assure Virginie Laval, la présidente de l’université. Un diplôme, c’est une chose pour un jeune mais nous voulons aussi lui permettre de devenir un citoyen du monde. »

« Un tremplin pour la professionnalisation »

Diplômé d’expression plastique (DNSEP) à l’Eensi, Phlaurian Pettier sera sur scène, lundi, un peu moins de deux ans après la sortie de résidence de 22 Castors front contre front. Il y revient avec un plaisir intact. Cette expérience de création, de composition collective lui a plu. « Dans le groupe, on s’instruit les uns les autres, on n’apprend pas seulement auprès de chorégraphes, confie le trentenaire. Ce travail chorégraphique a eu un impact énorme dans ma manière de vivre le corps de manière sociale, de voir comment on traite ou on maltraite son corps dans la vie. »

« Pour moi, c’est plus quelque chose de politique. C’est prendre conscience qu’on est sur scène, savoir pourquoi on y va et expliquer ce que ça implique », évoque Helen Heraud, qui a suivi à Poitiers un cursus en arts du spectacle. La jeune femme a découvert la danse en participant à l’Atelier de recherche chorégraphique, en 2017. « Je me suis jetée là-dedans à corps perdu, dit-elle. J’étais un peu réticente au début mais j’ai découvert un groupe bienveillant, où chacun faisait des propositions. J’ai appris sur le tas. »

Aujourd’hui, Helen est intermittente du spectacle. Samedi, on la retrouvera aussi dans Le Bain, pièce dont elle a déjà jouée près de 180 représentations dans toute la France. La chorégraphe Gaëlle Bourges l’avait repérée dans le cadre d’A Corps, dans Front contre Front. Comme Helen, plusieurs ex-étudiants de Poitiers ont embrassé une carrière artistique depuis leur passage sur la scène du Tap : Matthieu Sinault, Matthias Bardoula ou encore Etienne Bories… « L’Atelier de recherche chorégraphique est un vrai tremplin pour la professionnalisation », vante Virginie Laval. « On est des révélateurs, on les met dans le bain », ajoute Jérôme Lecardeur, le directeur du Tap. D’autres étudiants sont appelés à se révéler cette année à travers RONCES, une performance scénique imaginée par Thomas Ferrand, qui sera présentée mercredi au Tap. Il s’y cache peut-être les artistes de demain.

(*) Mickaël Phelippeau, Gaëlle Bourges, Marlène Saldana et Jonathan Drillet.

DR - Arthur Pequin

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