la culture dans le dur

Face à la baisse des subventions publiques et à la multiplication de l’offre culturelle, les organisateurs de festivals déploient des trésors d’imagination pour survivre. La situation n’est pas (encore) catastrophique, mais leur pérennité ne tient qu’à un fil.

Arnault Varanne

Le7.info

30% de festivals annulés. Le chiffre national est tombé au printemps, comme un couperet implacable. Motif annoncé : la diminution sensible du soutien financier des acteurs publics. Dans la Vienne, à notre connaissance, aucun événement n’a battu en retraite devant la baisse des subventions. Mais le cri d’alarme poussé par le président des Soirées lyriques de Sanxay, après avoir appris que le Département lui « sucrerait » 14 000€, traduit un état d’extrême fragilité (cf. encadré)… et d’hyper-dépendance du milieu culturel vis-à-vis des subsides publics. « Nous essayons d’avoir un modèle économique équilibré : un tiers de rentrées liées à la billetterie, un tiers de mécénat et un dernier tiers de subventions, illustre Patrick Bertrand, dirigeant de l’association Figaro Si Figaro là !, promoteur de l’art lyrique. Avec le temps, nous avons surtout appris à faire avec nos moyens… »

En creux, l’ancien dirigeant de Rannou-Métivier, à Montmorillon, pointe du doigt la « multiplication des spectacles gratuits… qui ne le sont jamais et représentent une vraie concurrence ». Poitiers Eclats d’Eté, les Nuits Romanes ou les Heures Vagabondes, « fossoyeurs » des initiatives culturelles locales ? De fait, ce qu’injectent les collectivités organisatrices dans ces « gros » festivals ne revient pas aux associations. « A ce titre, il me semblerait beaucoup plus pertinent de développer de vrais partenariats entre les collectivités et les associations, qui ont un savoir-faire dans leur domaine », précise Patrick Bertrand.

« A l’abri de rien »

A l’autre bout du département, dans les plaines du Mirebalais, le Son du vignoble sort d’une édition plutôt réussie sur le plan populaire. « Maintenant, nous ne sommes à l’abri de rien. Il suffit d’un événement climatique pour nous mettre KO », coupe Olivier Francheo, animateur au Pays Haut-Poitou et Clain. Avec près de 40 000€ de recettes privées (billetterie et dégustations), sur un budget de 68 000€, le Son du vignoble se met toutefois en situation de moindre dépendance vis-à-vis de ses partenaires publics.

Cette autonomie toute relative ne garantit toutefois pas davantage de sérénité. Les organisateurs d’« Au fil du Son » -Civray, du 23 au 25 juillet- ne perçoivent que 9% de financements publics sur un budget global de 500 000€. Mais ils auraient bien besoin d’un coup de pouce supplémentaire de la part des collectivités. « Autant l’avouer, nous travaillons avec des bouts de ficelle, souffle Grégoire Renaudon, le président de l’association « La Ch’mise Verte ». Nous connaissons d’importantes difficultés pour dénicher des artistes de renommée à moindres frais. Nous sur-négocions les prestations. »

Jusque-là, les spectateurs répondent présent. L’équation des prochaines années ne sera pas simple à résoudre. « Faire » autant voire mieux avec moins de moyens relève de la gageure.

 

Les Soirées lyriques sauvées ?

Mathieu Blugeon a failli s’étouffer, il y a quelques jours, en apprenant que le Département diminuerait la subvention de 14 000€ (66 000€ contre 80 000€) accordée aux Soirées lyriques de Sanxay. « Nous avons pris le risque de proposer Turandot, un opéra moins grand public. Cette perte de financement pourrait donc être lourde de conséquences... », peste le président de l’association organisatrice. Pour apaiser les tensions, le conseiller départemental chargé de la Culture, Alain Fouché, a promis de « s’engager à aider les Soirées lyriques « en cas de déficit ». « C’est sûr, nous ferons les comptes… » Rendez-vous mi-août.

Crédit photo : Collectif SLS

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