Aujourd'hui
De plan social en révélations sur le gouffre de France Business School, l’avenir de l’Ecole supérieure de commerce et de management Tours-Poitiers-Orléans (Escem) semble s’inscrire désormais en pointillés dans la capitale régionale. Mais au fait, est-elle indispensable ?
Aujourd’hui, il dirige une entreprise à Paris et ne souhaite pas que l’on révèle son nom. Mais Lionel (1) est « meurtri par la situation » de l’Escem Tours-Poitiers-Orléans. L’ancien étudiant de l’école de commerce a le sentiment d’un « immense gâchis », même s’il persiste à croire que le ralliement à France Business School était « utile, pertinent et intelligent ».
Des cendres du défunt mastodonte, il ne restera bientôt plus rien, si ce n’est un paquet de dettes dont on peine aujourd’hui à deviner les conséquences sur les finances des collectivités locales. Pour rappel, la Ville de Poitiers, le Conseil départemental et la Chambre de commerce et d’industrie de la Vienne appartiennent à un même syndicat mixte (ESC Vienne), qui abonde le financement (2) de l’autre syndicat mixte, l’Escem.
« Une décision politique »
L’autre semaine, en commission permanente, le président du Conseil départemental, Bruno Belin, a révélé que l’exercice 2013 de FBS s’était soldé par un déficit de 4M€. Ajoutant : « Le commissaire aux comptes Ernst & Young s’est révélé incapable de certifier la sincérité des comptes… Bref, ce dossier est proche du naufrage. » Les mots sont durs et empreints d’une certaine forme de fatalisme. La seule question qui vaille est désormais celle-ci : l’Escem va-t-elle perdre son campus de Poitiers ? « A un moment donné, il faudra en conscience faire des choix politiques », s’emporte David Cottereau, président de l’ESC Poitiers et vice-président de l’Escem. Le chef d’entreprise et élu consulaire est visiblement agacé des atermoiements (politiques) des uns et des autres sur ce dossier sensible. « Nous sommes dans une logique de rebond, avec un management de transition. J’ai construit un business plan. Après, si Poitiers devait perdre son école de commerce, ce serait un signal très négatif dans le cadre de la grande région. Mais je le répète, ce sera une décision politique… »
Un plan social très onéreux ?
Le plan social actuellement en cours pourrait entraîner la disparition de près de cent trente emplois sur les trois sites. Certains estiment son coût à plusieurs millions d’euros. Est-ce « absorbable » par les partenaires publics, sachant que la Chambre de commerce et d’industrie traverse, elle aussi, une grave crise financière ? « La volonté politique de la Ville est de préserver le site, mais pas à n’importe quel prix, avance El Mustapha Belgsir, adjoint au maire de Poitiers et vice-président de Grand Poitiers. Maintenant, beaucoup d’informations sont en attente pour prendre une décision. Rien n’est inéluctable… »
Un autre élément est à prendre en compte : à la rentrée, le campus de Poitiers ne devrait accueillir « que » 450 étudiants, contre 750 à 800 dans les meilleures années. La faute à l’image de marque écornée de l’Escem et au grade de Master, retiré dans le cadre du Programme grande école à partir de 2016. Forcément, ces vents contraires ne donnent pas envie aux parents et futurs étudiants de s’engager. Ajoutez à cela les rumeurs -« totalement infondées » selon David Cottereau- d’un regroupement unique à Orléans et vous avez tous les ingrédients d’une crise sans précédent. « L’analyse des chiffres est telle qu’on peut avoir peur pour la suite », reconnaît Lionel. « Nous savons traverser des crises. Il faut se placer dans une logique de projet et d’attractivité du territoire », conclut David Cottereau. Un sauvetage oui, mais à quel prix ?
(1) Le prénom a été modifié à sa demande.
(2) La Chambre de commerce et d’industrie de la Vienne, la Ville de Poitiers et le Département versent 400 000€ chacun, soit 1,2M€.
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Patricia Thoré, l'amie des bêtes
Patricia Thoré « de la Maraf ». 67 ans. Originaire de Rochefort, arrivée dans la Vienne en 1998. Ancienne militaire de carrière aujourd’hui responsable de la Maison d’accueil et de retraite des animaux de la ferme, à Salle-en-Toulon. Amie des bêtes et femme de conviction.