Hier
C’est ce qu’on appelle un choc de cultures ! Une dizaine d’enfants du petit village de Colombiers répètent régulièrement avec d’autres choristes âgés de 8 à 10 ans dans le quartier populaire d’Ozon, à Châtellerault. Ensemble, ils s’entraînent pour interpréter Dogora, en juin, au milieu de huit cents adultes. La dernière fois, c’était mercredi.
Entre les deux groupes d’enfants aux habitudes et aux environnements si différents, le naturel revient au galop. Dans la grande salle du centre de loisirs Oz’Aventures, ils rigolent et s’amusent ensemble. Mais quand vient le moment de travailler, tous font preuve de rigueur et d’attention. Au clavier, le chef de chœur Aurélien Poyand demande aux jeunes choristes de répéter le texte, phrase par phrase. Il organise des jeux pour « garder le rythme » et d’autres « pour apprendre l’art du silence, aussi important que la musique ». Un défi !
Comment apprendre
des paroles imaginaires ?
« Dogora », c’est cette suite de saynètes populaires sur la vie d’un peuple imaginaire créé de toutes pièces par le contemporain Etienne Perruchon. Ce dernier est allé jusqu’à inventer tout un vocabulaire regroupé sous le nom de « Dogorien ». « Quand j’ai transmis les paroles aux parents, je leur ai conseillé de ne pas les regarder mais de laisser faire leurs enfants », raconte Aurélien Poyand. Et pour cause, les mots n’existent pas en français, ni dans tout autre langue étrangère d’ailleurs ! Impossible de se forger un moyen mnémotechnique, inutile d’espérer se raconter une histoire… La seule façon de se souvenir des paroles, c’est de les apprendre par cœur comme l’explique Liam, 10 ans : « On nous a donné un CD avec toutes les chansons. Je l’écoute le soir, après l’école, dans ma chambre. Je répète les paroles jusqu’à les connaître. »
Les jeunes choristes ont quand même quatre pages de textes à apprendre. Pas le temps de chômer. Lorsque l’un d’eux ose faire le malin, un autre lui rétorque : « Dis, on est à la chorale ici, pas au cirque ! » Impossible de l’ignorer, l’échéance approche. Le 29 mai, ils interprèteront une première fois l’œuvre complète dans la salle du Chillou, à Châtellerault. Les 16 et 19 juin, les vingt chorales d’adultes et les six chœurs d’enfants de la Vienne participant au projet « Concerts en Vienne » chanteront ensemble, dans la salle Lawson-Body, à Poitiers.
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