Nicolas Boursier

Le7.info

Claude - a passé trente-deux ans à France Télécom. Un long bail rompu en 2002, « à l’époque des premiers changements. » Aujourd’hui retraité, Claude jette un regard nostalgique sur son engagement à la noble cause du service public. « Je suis de la génération de ceux qui savaient pour qui et pour quoi ils travaillaient, qui avaient leur métier dans la peau. » Au virage du troisième millénaire, le vent a commencé à tourner. « La belle maison France Télécom a dû faire face à un endettement considérable, éclaire-t-il. De réduction d’effectifs en réorganisation du travail, les « survivants » ont eu du mal à s’adapter. Face à des cadres dont les dents rayaient le parquet et qui n’avaient d’autre considération que la productivité à tout prix, les employés se sont retrouvés en complet manque de repères, sous pression et sans défense. » Claude ne renie pas ses « belles heures » passées à France Télécom. Tout juste regrette-t-il que sa réorganisation générale n’ait pas assez pris en considération l’individu. « Quand vous avez 40 ou 50 ans, assène-t-il, vous avez généralement été embauché pour des tâches et des missions précises. Quand vous les avez défendues pendant des années, il est très traumatisant de devoir les sacrifier sur l’autel de la productivité et de la polyvalence. C’est acceptable lorsque les choses ont été dites, préparées et décidées en concertation. Mais lorsqu’elles sont imposées, ça a de quoi vous faire perdre la tête. » Pour Claude, France Télécom n’est pas un exemple isolé de « management inadapté ». « C’est le propre de toutes les grosses boutiques qui vivent sous la pression du résultat et la rejette sur leurs employés. L’ambition purement chiffrée abolit bien souvent toute notion de culture d’entreprise. A mon époque, on la cultivait, cette notion. Aujourd’hui, elle s’est évaporée. Et c’est bien là tout le problème. »

 

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