
Aujourd'hui
L’intérim a décidément connu des jours meilleurs. Même en occultant le mois de décembre dernier, particulièrement dégradé avec une diminution d’activité de 15,3% par rapport au même mois l’année précédente, la tendance à la baisse, de 7,1% sur un an à l’échelle nationale, s’est confirmée en janvier (-7,3%). BTP, industrie, commerce, services ou transports, pas un secteur qui ne soit épargné. Ni une région métropolitaine. La Nouvelle-Aquitaine affichait -8,4% en janvier. Quant à la Vienne, « en septembre 2024 il y avait 4 408 intérimaires ETP (ndlr, équivalents temps plein) contre 4 700 en 2023 », souligne Philippe Brasseur, co-gérant d’Aquila RH, à Chasseneuil-du-Poitou. Il y a des secteurs où il y a moins de demande. Elle existe mais, en lien avec la conjoncture économique actuelle, les volumes sont en baisse. » Notamment dans le BTP, une spécialité de l’agence Crit, à Poitiers. « C’est un secteur difficile, nous sommes sur un marché financier et un bassin assez tendus », constate Sandrine Mezil. Et la tendance n’est pas réjouissante pour 2025. » Sauf peut-être dans le nucléaire, qui reste « un secteur porteur ».
« Nous travaillons notamment avec Civaux, poursuit la responsable de l’agence Crit. Jusqu’en septembre, il devrait y avoir un peu d’activité en raison d’un arrêt de tranche. On a recruté en masse pour étoffer notre vivier, et dans tous les types de métier, agent de ménage, mécanicien, maçon… Mais ce qui fait la différence, c’est l’habilitation spéciale HN1. » Et plus généralement les habilitations. Seulement voilà, elles ont un coût que les entreprises ne souhaitent pas toujours supporter. C’est pourquoi, « on forme beaucoup aux habilitations, que ce soit dans l’électrique, le photovoltaïque, le PASI BTP®… On essaie de créer les compétences au sein de nos agences », explique Sandrine Mezil tout en relevant un autre écueil : « Pour certains métiers, il n’existe plus de formation, comme tuyauteur, étancheur… Ou encore dans la rénovation, il n’y a pas d’apprentissage pour être itéiste (ndlr, poseur d’isolation par l’extérieur)… » Les exemples sont nombreux. « On manque aussi de qualifications intermédiaires entre le CAP et les experts », renchérit Philippe Brasseur. Pour autant, « l’intérim restera toujours dans les métiers du second œuvre, rassure le co-gérant d’Aquila RH. Pour les employeurs, il sert de période d’essai avant l’embauche. » Or c’est là précisément que le bât blesse. « Les candidats ne veulent pas de CDI. Beaucoup souhaitent s’installer en auto-entreprise et acceptent des missions avant de se relancer, ou alors en sortie de formation, pour découvrir un métier, complète Aurélie Beauchesne, co-gérante d’Aquila RH. La restauration utilise encore l’intérim de façon structurelle, et non avec un projet d’embauche car le secteur emploie plus de saisonniers. Le tertiaire a surtout recours à l’intérim pour quelques remplacements et des demandes de CDI. » En somme, chaque secteur d’activité, chaque entreprise, chaque salarié a sa manière de « consommer » l’intérim ce qui, ajouté à la conjoncture, complexifie logiquement l’équation.
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