DMLA : un implant innovant

Contre la DMLA atrophique, il n’existe pas de traitement mais il est possible d’améliorer la vue des patients, sous conditions, grâce à des technologies innovantes telles que le SING IMT, un implant nouvelle génération. Plus de détails avec le Pr Levéziel, du CHU de Poitiers.

Claire Brugier

Le7.info

Son acronyme, DMLA, est connu, ses effets aussi : une vision centrale floue et imprécise. La dégénérescence maculaire liée à l’âge touche 30% des plus de 75 ans. Si depuis 2007 les injections anti-VEGF font référence dans le traitement de la forme « humide » de la maladie, elles ne sont d’aucun effet sur sa variante 
« sèche », ou atrophique. Néanmoins un traitement existe pour améliorer la vision des personnes dont la macula -la partie centrale de la rétine- est abîmée, un implant télescopique baptisé SING IMT qui permet de multiplier par trois la vision de près et aide ainsi à récupérer la vision centrale.

Mise au point en Italie et commercialisée par la société américaine Samsara Vision, cette nouvelle technologie prend la forme d’un implant en verre et silicone de 10,8mm de diamètre et d’une profondeur de 4,4mm. A l’échelle d’un œil humain, ce télescope miniature, qui abrite une lentille optique de 3,6mm de diamètre, est imposant. A titre de comparaison, « la profondeur entre la cornée et le cristallin oscille entre 3 et 4mm selon la taille de l’œil, glisse le Pr Nicolas Levéziel. La pose de l’implant est donc une opération assez lourde, qui nécessite d’ouvrir assez largement la cornée. »

Perte de la vision binoculaire

Le chef du service d’ophtalmologie du CHU de Poitiers a longuement travaillé sur la DMLA et il a été le premier au CHU à implanter le SING IMT chez un patient, en novembre 2023. Depuis, plus rien. La raison est médicale. « L’implant est très bien toléré mais c’est un dispositif innovant qui implique de sélectionner les patients. Il faut qu’ils aient exprimé le souhait de vouloir lire, qu’ils voient bien de loin avec l’autre œil et qu’ils n’aient pas déjà été opérés de la cataracte, ce qui est le cas de beaucoup de personnes autour de 80 ans », énumère le praticien. Pour sélectionner les candidats potentiels, le service ophtalmologie du CHU travaille de concert avec le Centre régional basse vision et troubles de l’audition basé à Saint-Benoît. 


« A l’issue de l’opération, le 
patient perd sa vision binoculaire », poursuit l’ophtalmologue. Autrement dit, il se retrouve avec un œil qui voit de près et l’autre qui voit de loin, sans synchronisation aucune entre les deux, ce qui ne lui permet plus d’évaluer les reliefs et les distances. Dans ces conditions, même attraper un verre sur une table devient périlleux. « Un processus de réapprentissage est nécessaire », 
prévient le Pr Levéziel. Il faut compter six à huit séances de rééducation orthoptique, dispensées localement par le Centre régional basse vision.

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